Sommeil, obésité, diabète, cancers, troubles cardio-vasculaires, santé mentale, le travail de nuit n'est pas sans risque pour la santé, comme en fait état un avis de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation et du travail (ANSES).
Alors que le projet de loi Travail « visant à instituer de nouvelles libertés et de nouvelles protections pour les entreprises et les actifs » est en débat actuellement au Parlement, cette expertise sur les risques du travail en horaires atypiques sur la santé a pour vocation « d'éclairer utilement les discussions ».
En 2012, la population concernée par le travail de nuit, régulier ou occasionnel, représentait 3,5 millions de personnes, soit 15,4 % des salariés, selon l'ANSES. La tendance est à la hausse, particulièrement pour les femmes. La Haute Autorité de santé (HAS) a publié des recommandations pour le travail posté et/ou de nuit en 2012. Dans ce contexte, c'est la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC) qui a saisi l'ANSES à ce sujet.
La désynchronisation des rythmes biologiques
L'Agence souligne que les salariés qui travaillent de nuit sont soumis « à des facteurs de pénibilité physique plus nombreux, une pression temporelle plus forte (horaires, contraintes de rythmes, délais, etc.), des tensions avec leurs collègues ou le public plus fréquentes ». La désynchronisation des rythmes biologiques est favorisée par les conditions environnementales peu propices : lumière du jour, température plus élevée en journée, niveau de bruit, rythme social et obligations familiales.
Le niveau de preuve scientifique diffère selon les pathologies. Les risques sont avérés pour la somnolence, la qualité du sommeil et la réduction du temps de sommeil total et le syndrome métabolique. Les effets sur la santé psychique (troubles de l'humeur, dépression, irritabilité, anxiété, troubles de la personnalité), les performances cognitives, l'obésité et la prise de poids, le diabète de type 2 et les maladies coronariennes sont probables. Quant aux dyslipidémies, l'hypertension artérielle et les accidents vasculaires cérébraux, les effets sont possibles.
Des réajustements sur le lieu de travail
Si l'Agence estime que « le recours au travail de nuit peut se justifier pour des situations nécessitant d'assurer les services d'utilité sociale ou la continuité de l'activité économique », elle souligne l'importance d'optimiser les modes d'organisation du travail de nuit.
« Tout ce qui réduit la désynchronisation des rythmes biologiques et la dette de sommeil est a priori favorable », estime-t-elle appelant « les instances de dialogue social appropriées » à étudier collectivement les modalités d'amélioration possible. De multiples facteurs peuvent moduler, amplifier ou diminuer, les effets du travail de nuit.
Les stratégies d'adaptation mises en place par les travailleurs dans le travail et dans le hors travail « ne se suffisent pas toujours », relève l'Agence. Des réajustements sur le lieu de travail, tels que « l'anticipation des variations de somnolence, de transferts de tâches, d'entraide, de repos » ne sont possibles que s'il existe des marges de manœuvre pour le faire, conclut-elle.
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