SI L’ON S’EN TIENT au nombre des sociétés savantes et associations qui sont à l’initiative de l’appel pour « une véritable politique » de soins en faveur des adolescents, le malaise paraît évident. La Société française pour la santé de l’adolescent, la Fédération des espaces santé jeunes, Points jeunes association recherche et formation, l’Association française de promotion de la santé scolaire et universitaire, la commission Adolescent de la Société française de pédiatrie, le groupe adolescent de l’association française de pédiatrie ambulatoire dénoncent « une régression en matière de soins destinés aux adolescents » (sfsante-ado.org).
« Après trois décennies d’avancées importantes en matière de santé des adolescents, dont les Maisons des adolescents sont un des exemples de réussite, nous sommes entrés dans une période de remise en cause inquiétante », indiquent les pétitionnaires, institutionnels comme particuliers (parmi lesquels des pédiatres, des psychologues, des orthophonistes, des médecins scolaires). Selon eux, plusieurs signaux conduisent à ce constat. En termes de moyens préventifs, ils s’inquiètent du « sous-développement chronique » de la santé scolaire, de l’insuffisance de moyens pour la prévention en matière de sexualité et de contraception, des fermetures d’espaces santé jeune et des points d’accueil et d’écoute jeunes. En termes de moyens curatifs, ils regrettent l’absence d’unités de médecine de l’adolescent hospitalier ou ambulatoire sur une grande partie du territoire, pire, la fermeture programmée de lits ou d’unités « notamment par non-remplacement des départs en retraite ». Enfin, en termes de référentiel, ils reprochent l’abandon de la notion de prise en charge globale au profit de soins spécialisés et « d’approches centrées sur les comportements, réponses éducatives voire sécuritaires dont les objectifs répondent plus à des objectifs médiatiques que la santé et le bien-être des adolescents ».
Déterminants sociaux.
Pour la Société française de santé publique, qui vient de rejoindre les associations signataires, l’accent mis sur les comportements « masque l’examen des effets des déterminants sociaux sur la santé » : 1 jeune sur 5 vit en dessous du seuil de pauvreté ; chaque année, près de 150 000 jeunes sortent du système scolaire sans qualification, rappelle la SFSP. « Considérant l’ampleur du travail mené par les professionnels de l’adolescence et leur grande expérience », la SFSP soutient « fermement leur approche systémique des actions de prévention dans les milieux de vie des jeunes et rappelle qu’à cet âge, comme aux autres âges de la vie, seules des mesures intersectorielles peuvent promouvoir la santé ».
Les auteurs de l’appel demandent qu’une « véritable politique de prévention » soit menée « au plus près des besoins des jeunes », avec le maintien et le développement des structures d’écoutes et d’accueil sur tout le territoire, avec le renforcement des services de santé pour les élèves et les étudiants et des moyens suffisants pour la planification familiale adaptée aux ados. Ils veulent également qu’une « véritable politique de soins » leur soit dédiée, avec des professionnels formés à « l’abord spécifique des adolescents » et dans des lieux de soins déterminés qui puissent permettre « à la fois de délivrer des soins de qualité et de faire progresser la recherche ».
Avec les signataires, la SFSP dit vouloir contribuer à promouvoir une politique de santé de la jeunesse « au moins telle que celle que les engagements du plan Agir pour la jeunesse (lancée par le chef de l’État en septembre 2009, à Avignon, NDLR) le laissaient espérer ». La prévention, qui s’entend de manière globale, au-delà des comportements individuels, doit s’adresser à tous les jeunes, y compris à ceux en passe d’entrer dans la vie adulte, ajoute la SFSP.
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