RECRUTEMENTS massifs, listes d’attente réduites : le NHS, depuis 2000, a dépensé plus, et s’en porte mieux. La crise des vocations en médecine générale a trouvé une solution grâce au paiement à la performance introduit en 2004. Coût de la mesure, 1,25 milliard d’euros par an. Les généralistes, depuis, gagnent 60 % de plus (en moyenne 140 000 euros par an), pour 44 heures de travail par semaine, consultations téléphoniques comprises. Un sort largement plus enviable que leurs homologues français.
Mais l’impact sur les pratiques cliniques de ce paiement à la performance, et donc le retour sur investissement, restent modestes. Autres ombres au tableau, la Grande-Bretagne conserve l’un des taux de mortalité par cancer les plus élevés d’Europe, et le déficit public ne cesse d’enfler. Et ce n’est pas le gel des salaires - notamment celui des généralistes, dentistes et cadres du NHS depuis le 1er avril - qui comblera la dette publique (80 % du PIB) et le déficit budgétaire (193 milliards d’euros). D’où cette question : faut-il à nouveau réformer le NHS, et si oui, comment ?
Distinguer le prioritaire et le secondaire, en matière de santé, est une tâche délicate à la veille d’une élection. Les candidats ont pris soin d’éviter le sujet. Le NHS, au contraire, est érigé en priorité. « Nous allons réduire le déficit, pas le NHS, parce que le NHS est le fondement d’une société plus juste », assure le conservateur David Cameron. « Le Labour sera le parti des investissements, et les Tories, celui des coupes budgétaires », rétorque Gordon Brown, le Premier ministre britannique, en lice pour un quatrième mandat travailliste.
Les médecins sont déçus ; ils déplorent un débat tronqué, superficiel. « The Lancet » (édition du 29 avril) rapporte les propos d’un expert, Chris Ham : « Nous devons avoir cette discussion rapidement après l’élection pour permettre au NHS de poursuivre dans la bonne direction ».
Désaccord sur les « targets ».
Dans le programme santé des trois principaux partis, il n’est donc pas question de financement, mais uniquement d’organisation des soins. Les points de vue divergent. Les travaillistes proposent de maintenir les « targets », les objectifs cible que doivent atteindre les cabinets médicaux pour prétendre au paiement à la performance, tandis que les conservateurs veulent y renoncer. Si le délai excède 18 semaines entre la consultation chez le GP (le généraliste) et la prise en charge hospitalière, les travaillistes souhaitent qu’un offreur de soin privé puisse prendre le relais. Méfiante, la British medical association invoque des problèmes de formation et de responsabilité. La fondation de 200 millions de livres promise par le conservateur David Cameron, consacrée à l’achat de traitements anti cancéreux, n’emballe pas davantage le corps médical, qui se demande pourquoi privilégier telle maladie plutôt que telle autre. Le parti libéral démocrate, emmené par Nick Clegg, propose d’améliorer l’accès aux GPs le soir et le week end, d’autoriser les patients à choisir leur GP en dehors de leur lieu de résidence, de récompenser les médecins qui accepteraient d’exercer dans des zones défavorisées, et de rendre illégal le travail de médecins étrangers n’ayant pas passé de test de langue et de compétences.
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