EXPLIQUEZ à deux personnes qu’elles devront accomplir la même tâche mais que leur salaire sera différent, et vous risquez quelques ennuis. C’est bien connu, les hommes n’aiment pas les inégalités, surtout en matière de distribution des revenus. Ce qui l’est moins, c’est que cette aversion « n’est pas seulement le fait d’une règle ou d’une convention sociale mais s’inscrit au niveau cérébral dans le circuit de la récompense », expliquent dans un article publié dans la revue « Nature » Thomas N. Mitchell, professeur de neurosciences cognitives et John O’Doherty, professeur de psychologie. Et c’est en scrutant les images d’IRM fonctionnelle de la réaction du cortex préfrontal ventromédian et du striatum ventral de 40 volontaires à l’annonce d’un gain plus ou moins important (entre 0 et 50 dollars) qu’ils sont arrivés à cette conclusion.
Les volontaires assemblés par paires ont été mis en situation d’inégalité, chaque paire étant composée d’un individu « riche » à qui était allouée d’emblée une somme de 50 dollars et d’un « pauvre » qui, lui, ne recevait rien. Les images ont d’abord montré que les « pauvres » réagissaient fortement lorsqu’un gain leur était attribué mais n’avaient en revanche aucune réaction lorsqu’il était attribué à leur homologue riche. « En soi, cela n’avait rien de surprenant », ont souligné les auteurs. Inversement, l’activité des aires cérébrales étudiées chez les « riches » a eu de quoi les surprendre : elle était plus importante lorsque l’argent était donné au pauvre que lorsqu’ils le recevaient.
Ce résultat contredit la conception commune de la nature humaine. « En tant que psychologue et neurocognitiviste, spécialiste des questions de récompense et de motivation, j’ai tendance à considérer le cerveau comme un outil conçu pour maximiser nos propres intérêts. Le fait que ces structures cérébrales répondent aussi lorsqu’une récompense est obtenue par un autre montre que même les circuits de base du cerveau humain ne sont pas orientés uniquement sur soi », estime John O’Doherty.
La surprise des chercheurs a été d’autant plus grande que « riches » et « pauvres » ont eu la même réponse lorsqu’on leur a demandé d’évaluer leur sentiment après chaque opération : tous préfèrent quand l’argent leur est attribué. L’homme serait-il bon et c’est la société qui le pervertit, comme le disait Rousseau, ou alors la culpabilité serait-il un moteur plus fort que l’aversion à l’inégalité. C’est ce que semble penser l’économiste Colin Camerer, co-auteur de l’article, qui suggère que la réaction des riches a peut-être été en partie motivée par leur propre intérêt : « Voir les autres personnes gagner aussi de l’argent réduit leur culpabilité. » Le débat n’est donc pas clos.
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