« Et si Donald Trump était fou ? » demandait « le Quotidien » à des spécialistes, le 27 juin dernier. S’appuyant sur les critères du DSM 5, les spécialistes interrogés posaient alors un diagnostic sévère, appuyé sur les propos complotistes du candidat républicain, son égotisme exacerbé, son machisme débridé, son mépris compulsif des scientifiques, son effrayante absence d’empathie et son racisme décomplexé. Au lendemain de son élection, redoutent-ils un passage à l’acte, une décompensation ?
« Non, je ne crains pas que le nouveau président déclare un syndrome d’hubris, une maladie du pouvoir, répond le Pr Sebastian Dieguez, chercheur en neurosciences cognitives (Université de Firbourg), tout simplement parce qu’il semble déjà atteint par ce tableau clinique. Au contraire, le fait d’endosser les habits du pouvoir devrait l’apaiser et le recentrer dans la solennité de sa nouvelle charge, bien au-delà des responsabilités de ses entreprises financières. Le risque d’un dérapage n’est cependant pas complètement exclu, car on sait que ce n’est jamais une bonne idée de donner du pouvoir à un psychopathe. »
Pas le Dr Folamour
Auteur de « Psychanalyses » de François Mitterrand, Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen, le psychanalyste Ali Magoudi ne se montre pas plus alarmiste : « À la différence d’un George Bush qui invoquait sans cesse la croisade des forces du bien contre les forces du mal et qui a déclenché des offensives dont on continue aujourd’hui à payer les conséquences, Trump ne tient pas de discours messianique. Certes, il est volontiers éruptif, il surréagit dans le feu du débat, mais il n’est pas dans l’incantation interventionniste planétaire. Ce n’est pas le docteur Folamour. Ce n’est pas tant son état mental personnel qui est en question que celui de ses électeurs : en votant Trump, ils demandent la construction de murs qui séparent les communautés, ils veulent enrayer la mondialisation, alors qu’il n’existe pas de plan B. La peur inhibe leurs capacités cognitives. C’est ce circuit des peurs qui alimente le trumpisme aux États-Unis et le populisme, partout dans le monde et en France en particulier. »
« De ce point de vue, on est bien au-delà du seul cas Trump, rebondit le Dr Serge Hefez, psychiatre et psychanalyste (CHRU La Pitié-Salpétrière, auteur de la Sarkoze obsessionnelle). Il nous faut tirer les leçons du succès du milliardaire histrionique et narcissique et prendre conscience du fossé qui sépare aujourd’hui les personnes socialement insérées de toute une population exclue qui vit dans la peur et le repli. Après avoir flatté leurs souffrances, Trump va-t-il maintenant les exacerber et mener l’Amérique à la ruine ? C’est toute la question et mon pronostic reste partagé. »
Le gorille dominant et le grooming.
Auteur de « Sarkozy, un président chez le psy », le Dr Pierre Lembeye, psychiatre et psychanalyste se veut cependant optimiste. « Souvenez-vous de Reagan, qui s’est comporté avec modération alors qu’on annonçait le pire. Pour Mitterrand aussi, l’apocalypse avait été annoncée, avec l’arrivée des chars soviétiques sur les Champs Elysées. Gardons-nous du « Trumpocalypse ».
L’éthologue Marie Muzard (auteure de « Ces grands singes qui nous gouvernent ») se veut également mesurée : « Donald Trump s’est comporté durant la campagne comme un beau spécimen de gorille dominant, avec sa stature massive, ses parades d’intimation, ses grands borborygmes d’insulte. Mais aujourd’hui qu’il est parvenu à ses fins et qu’il s’est imposé, il fait du grooming, il caresse les Américains dans le sens du poil et promet de les protéger tous, pas seulement les faibles. Il prend le pouvoir dans le calme et la maîtrise. Il n’est pas aussi fou qu’il en a eu l’air. »
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