L’INSUFFISANCE RÉNALE chronique terminale (IRCT) est un problème de santé publique majeur dans la plupart des pays industrialisés. La France figure parmi les pays où la prévalence est la plus élevée après les États-Unis et la Belgique. L’IRCT constitue l’une des complications de nombreuses maladies chroniques (comme le diabète ou l’hypertension artérielle) pour 45 % des nouveaux patients ayant démarré un traitement de suppléance en 2010. Sa prévalence brute est estimée à 1 060 personnes par million d’habitants (soit 67 271 personnes en IRCT). Selon les données du Réseau épidémiologie et information en néphrologie (REIN) au 31 décembre 2010, 29 841 malades étaient porteurs d’un greffon fonctionnel et 37 430 étaient en dialyse.
Le coût financier de l’IRCT était évalué en France à plus de 4 milliards d’euros en 2007, dont plus des trois quarts concernaient la prise en charge de l’hémodialyse par l’Assurance-maladie. En 2025, le coût est estimé à plus de 5 milliards. « La greffe de rein assure la qualité de vie et l’autonomie des patients et elle coûte beaucoup moins cher que la dialyse », commente Karim Laouabdia, le directeur général adjoint de l’Agence de la biomédecine qui a travaillé sur les recommandations en collaboration avec la HAS.
Donneurs vivants en renfort.
Les consignes mettent l’accent sur les donneurs décédés, mais également sur les donneurs vivants qui devraient être mieux pris en charge. « En raison de la dimension éthique de la transplantation à partir de donneur vivant et pour garantir l’équité d’accès aux soins, la poursuite des efforts pour développer la transplantation rénale à partir de donneurs décédés doit être considérée comme une priorité », indique la HAS. Concernant les prélèvements sur donneurs décédés, trois axes de développement sont proposés : l’amélioration du recensement des donneurs en état de mort encéphalique, la diminution du taux de refus des proches et l’élargissement du pool de donneurs. Cette extension passe par le recours à des critères élargis qui pourrait inclure les prélèvements sur donneur après arrêt cardiaque contrôlé : actuellement interdits en France, ces prélèvements ont été autorisés dans de nombreux pays d’Europe du Nord et Anglo-Saxon, assure la HAS.
La piste des prélèvements de reins sur donneurs vivants doit être considérée de manière complémentaire. Depuis la loi bioéthique du 7 juillet 2011, « toute personne pouvant apporter la preuve d’un lien affectif étroit et stable depuis au moins deux ans avec le receveur » peut être donneur. Les dons croisés ont également été autorisés. Pour la HAS, le développement de la transplantation à partir de donneurs vivants implique de prendre en considération les freins organisationnels et d’allouer des moyens dédiés. Mais il ne sera « certainement pas possible de développer les transplantations à partir de donneurs vivants dans les 35 centres transplanteurs de France », poursuit la HAS qui suggère la mutualisation de cette activité. Les membres du groupe de travail ont également insisté sur la prise en charge à 100 % du suivi médical à court, moyen et long terme des donneurs vivants.
Enfin, la HAS estime que l’amélioration de l’équité d’accès sociale et géographique à la transplantation passe par une meilleure information des patients. L’inscription sur les listes d’attente doit être envisagée dès lors que le patient insuffisant rénal est susceptible de nécessiter d’un traitement de suppléance. Elle doit avoir lieu le plus tôt possible « afin d’éviter les pertes de chances », conseille la Haute autorité qui préconise parallèlement la réduction des disparités régionales (deux fois plus de transplantations rénales réalisées dans les Pays de Loire qu’à la Réunion). Elle recommande de poursuivre aussi l’amélioration de l’appariement donneur/receveur en fonction de l’âge du receveur et de la possibilité du besoin d’une seconde transplantation.
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