Parce qu'elle est un passage obligé pas si anodin, et qu'elle est souvent tue, y compris dans les cabinets médicaux, un nouveau collectif composé pour moitié de gynécologues appelle à briser le « tabou » de la ménopause.
All for Menopause, fondé par quatre femmes de la société civile et quatre gynécologues* en 2022, « s’engage pour faire de cette tranche de vie, une continuité apaisée, non stigmatisée et libérée », fait savoir le collectif.
14 millions de femmes concernées
La France compterait 14 millions de femmes ménopausées. Une majorité d’entre elles (87 %) ressentent au moins un symptôme de la ménopause et 20 % évaluent que ces symptômes ont un impact fort sur leur quotidien (de 8 à 10/10), selon l'étude Elisa menée en 2020 auprès de 5 000 femmes par la Pr Florence Trémollières et la Dr Brigitte Letombe, membres du collectif.
Pourtant, 44 % des femmes disent n'avoir jamais parlé de ménopause et de leurs symptômes avec un médecin, estimant que « c'est un moment normal de la vie des femmes », que « cela n'est pas nécessaire », ou que leurs symptômes ne sont « pas assez sévères ».
Par ailleurs, elles sont 89 % à ne prendre aucun traitement, par peur des effets secondaires voire des hormones. Seulement 6 % des femmes interrogées prenaient un traitement hormonal de la ménopause (THM).
Profiter de la deuxième consultation de prévention
Le collectif appelle à créer un parcours santé dès 45 ans - et concrètement, à faire de la deuxième consultation de prévention annoncée par le gouvernement le moment d'une information claire, simple et objective, sur la ménopause, et sur les moyens de rester en bonne santé. « Si toutes les femmes connaissent, les symptômes phares de la périménopause, bouffées de chaleur et sueurs nocturnes, peu d’entre elles y associent d’autres manifestations pourtant fréquentes : douleurs articulaires ou musculaires (impression d’avoir « mal partout »), déprime voire dépression, insomnie, sans parler du risque cardiovasculaire augmenté et du risque d’ostéoporose ».
Cette consultation devrait être l'occasion d'évoquer les solutions pour mieux vivre la ménopause, à commencer par une bonne hygiène de vie : arrêt du tabac et limitation des boissons alcoolisées, alimentation équilibrée limitant les graisses et sucres rapides, apport suffisant en vitamine D (exposition au soleil de 15 à 30 minutes/jour) et en calcium, activité physique régulière et modérée.
Plus largement, deux ans après l'arrêt des règles, une consultation devrait prévoir un check-up santé systématique avec interrogatoire sur les antécédents personnels et familiaux, une ostéodensitométrie, une mammographie (lorsqu’elle n’aura pas été faite dans le cadre du dépistage organisé) et une prise de sang (glycémie à jeun, bilan métabolique et lipidique).
Il s'agit aussi si besoin, en fonction du profil de la patiente et après évaluation des bénéfices et des risques, de mettre en place un traitement : hydratant ou lubrifiant vaginal, traitement œstrogénique local, traitement hormonal de la ménopause (THM). « Ce dernier est le traitement le plus efficace contre les bouffées de chaleurs et le syndrome génito-urinaire. Il limite la perte osseuse et le risque de fracture. Les bénéfices l’emportent sur les risques pour les femmes de moins de 60 ans souffrant de symptômes ou ayant commencé leur ménopause moins de 10 ans auparavant », prend position le collectif, composé de membre du Groupe d'étude sur la ménopause et le vieillissement hormonal (Gemvi), qui plaide depuis longtemps en faveur des THM. Et demande une réévaluation des recommandations de la Haute Autorité de santé de 2014 pour la ménopause.
Patient expert et formation des soignants
Le collectif propose par ailleurs de créer un diplôme universitaire de « patient expert » dédié à la ménopause, pour que les femmes puissent partager leurs expériences avec d'autres et sensibiliser les professionnels de santé. Ceux-ci devraient recevoir en outre une formation spécifique sur la ménopause, en tenant compte des nouvelles données de la science et des recommandations des sociétés savantes.
Enfin, All for Menopause invite les femmes à oser parler de leur ménopause dans les médias et réseaux sociaux, les dirigeants d’entreprise et de grands groupes à lutter contre la stigmatisation, et le gouvernement à identifier une représentante de la santé des femmes.
* Les journalistes Sophie Dancourt et Rica Etienne, l'autrice Sophie Kune et Alice de Maximy, fondatrice et présidente d’Hkind, la Dr Brigitte Letombe, membre du bureau du Groupe d'étude sur la ménopause et le vieillissement hormonal (Gemvi) et présidente d’honneur de la Fédération nationale des collèges de gynécologie médicale (FNCGM), la Dr Lorraine Maitrot-Mantelet, Cochin, membre du bureau du Gemvi, le Dr Geoffroy Robin, CHU de Lille et secrétaire général du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), la Pr Florence Trémollières, Hôpital Paule de Viguier à Toulouse, présidente du Gemvi et membre du Groupe de recherche et d'information sur les ostéoporoses (GRIO).
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