L’ÉTUDE NatChla a été réalisée à partir d’un sous-échantillon d’individus âgés de 18 à 44 ans de l’enquête nationale sur le contexte de la sexualité en France (CSF), effectuée par téléphone en 2006 auprès d’un échantillon de la population de 16-68 ans ayant eu au moins un rapport sexuel dans leur vie. Les enquêteurs leur ont proposé, en fin de questionnaire, un autoprélèvement urinaire pour les hommes et génital pour les femmes. Un kit de dépistage était envoyé à domicile. Le prélèvement une fois réalisé devait être adressé au Centre national de référence des Chlamydiae (Laboratoire de bactériologie de l’université Bordeaux-2). Les modalités de remise des résultats dépendaient du choix des participants, par téléphone (uniquement en cas de résultat positif), par courrier ou via un numéro vert communiqué aux volontaires qui ne souhaitaient donner ni leur numéro de téléphone ni leur adresse.
Véronique Goulet et col. notent avec satisfaction un taux de participation élevé, en dépit de cette contribution personnelle importante demandée aux volontaires. Parmi les 4 957 personnes éligibles, 2 580 personnes ont été testées (52 %). La quasi-totalité d’entre elles (90 %) ont choisi d’être informés du résultat par voie postale, 4 % par téléphone et 6 % via le numéro Vert anonyme.
Entre 18 et 29 ans.
Parmi les résultats au test, 43 ont été positifs (15 hommes et 28 femmes), tous transmis par courrier (aucune des personnes qui ont choisi l’anonymat n’était positive). La prévalence globale de l’infection à Chlamydia a ainsi été estimée à 1,4 % chez les hommes et à 1,6 % chez les femmes, une prévalence « du même ordre que celle des autres pays développés », soulignent les auteurs. Chez les femmes, elle est maximale entre 18 et 24 ans (3,6 %), commence à diminuer entre 25 et 29 ans (2,7 %) pour nettement fléchir à partir de 30 ans (0,5 %). Chez les hommes, la prévalence est relativement stable entre 18-24 ans (2,4 %) et 25-29 ans (2,7 %) avant de diminuer entre 30 et 34 ans (1,1 %) pour rejoindre celle des femmes (0,5 %).
Les auteurs ont analysé les facteurs de risque chez les 18-29 ans, la tranche d’âge où la prévalence est la plus élevée et pour laquelle le dépistage serait le plus pertinent. Dans les deux sexes, l’infection à Chlamydia est liée à des comportements sexuels à risque. Chez les hommes, la prévalence augmente avec le nombre de partenaires (vie entière et douze derniers mois), avec l’existence d’un nouveau partenaire dans l’année et lorsque le dernier partenaire sexuel est occasionnel ou récent. La prévalence est aussi plus élevée chez les hommes résidant en Île-de-France (7,5 % contre 1,3 % pour le reste de la France). Chez les femmes, la prévalence augmente à partir de 3 partenaires dans les douze derniers mois, lorsque le dernier partenaire sexuel est occasionnel ou récent ainsi que chez celles qui ont eu des relations bisexuelles dans les douze derniers mois. La prévalence est plus élevée chez les femmes non-diplômées.
Revoir les cibles du dépistage.
Véronique Goulet et col. notent que chez les hommes, « le risque d’infection à Chlamydia est plus fortement lié que chez les femmes à des comportements à risques récents (nouveau partenaire récent) du fait sans doute de la durée d’infection plus courte chez l’homme ». Les femmes peuvent être longtemps porteuses asymptomatiques. Chez elles, l’étude a toutefois identifié deux groupes peu ciblés par le dépistage : les non-diplômées chez qui la prévalence est de 12,5 % et les femmes ayant eu des pratiques bisexuelles qui affichent une prévalence de 13,4 % (la prévalence parmi les femmes qui ont eu des partenaires occasionnels est de 11,9 %).
« Ces résultats sont l’occasion de revoir les cibles du dépistage en France », estiment les auteurs. Depuis 2003, le dépistage opportuniste des personnes asymptomatiques est réalisé dans les consultations fréquentées par les personnes à risque telles que les CDAG, les DAV et les centres de planification familiale. L’étude NatChla montre que ce dépistage « devrait être élargi aux jeunes femmes sans diplôme et à celles qui ont un facteur de risque (partenaire occasionnel, plus de deux partenaires depuis un an et relations bisexuelles) ». De même, il devrait être élargi aux hommes comme cela est déjà le cas au Royaume-Uni ou aux Pays-Bas. En effet, les moins de 30 ans ayant un facteur de risque (partenaire occasionnel ou nouveau partenaire) ont un niveau de prévalence similaire à celui observé chez les femmes. Les dépister « permettrait de réduire la contamination de leurs partenaires féminines et donc des complications sur leur fertilité », concluent les auteurs.
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