La volonté de Manuel Valls « d'aller au bout » de la réforme ne saurait être mise en doute. Les moyens dont il dispose pour tenir sa promesse sont cependant inexistants. Au terme des tractations avec les syndicats, on verra sur quels points essentiels du texte de loi le Premier ministre aura tenu bon. S'il sauve le déplafonnement des indemnités de licenciement, indispensable à la survie des PME, et la faculté accordée aux mêmes entreprises de licencier sans conséquences financières catastrophiques, il aura au moins conservé l'esprit du projet et une partie de son efficacité.
Le chef du gouvernement n'est pas seul. La tribune publiée vendredi dernier par « le Monde » et signée par 31 économistes (dont le prix Nobel français Jean Tirole) qui ne sont nullement hostiles à la social-démocratie, a heureusement apporté au gouvernement un soutien dont l'avait privé l'explosion de colère, feinte ou sincère, d'une partie des élus socialistes et des syndicats. Toutefois, la violence des propos échangés entre pro- et anti-loi sur le travail n'offre pas beaucoup d'espoirs à la négociation en cours entre M. Valls et les syndicats, qui se terminera le 14 mars. Le pouvoir dispose de moyens de pression d'autant plus insuffisants qu'il est très affaibli, que le président de la République est critiqué, que sa fonction est dévaluée, qu'il y a à l'Elysée une ambiance de fin de règne, et que les ministres réformistes sont soupçonnés par les autres de n'avoir que des plans de carrière.
Les arguments des anti-réformistes
Parmi les détracteurs socialistes du gouvernement, personne ne semble se demander pourquoi M. Valls se lance dans une réforme qui ne lui vaut que des ennuis, pourquoi il la défend au mépris de l'acharnement destructeur dont il fait l'objet. Dans « le Monde » où on pouvait lire la tribune des 31 économistes, il y en avait une autre, signée par un sociologue et un économiste, dont les auteurs tentent de nous expliquer que nous imitons une Allemagne qui elle-même aurait choisi la voie du désastre en écrasant le pouvoir d'achat des salariés allemands et qui n'a conquis des marchés qu'à notre détriment. Ils ne nous expliquent pas comment nous devrions réagir aux réformes allemandes. Si ce n'est pas en les imitant, peut-être devrions-nous leur offrir les parts de marchés qui nous restent, notamment en payant un nombre croissant de chômeurs avec de l'argent public que nous n'avons plus ?
« Notre système mène à l'abîme démocratique », déclare Pouria Amirshahi, député des Français de l'étranger, en démissionnant du parti socialiste. C'est ainsi que la sémantique mélenchoniste se répand dans toute la gauche, porteuse de cataclysmes, ou plus exactement de malheurs programmés, par des hommes politiques qui ne songeraient qu'à détruire l'économie, le tissu social, les libertés, bref, le pays tout entier. On s'insurgerait contre cette logorrhée qui sape les fondements de nos institutions si on ne comprenait qu'il ne faut pas confondre la cause et la conséquence. Si les déçus de la gauche sont capables d'énoncer des prédictions aussi délirantes, c'est parce que François Hollande n'a pas su mettre au pas les forces de son propre camp. En cas d'échec sur le travail, la preuve aura été ainsi fournie que le parti socialiste, incapable de réformer, est, par voie de conséquence, incapable de gouverner.
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