L'association Formindep a épinglé la Haute Autorité de santé (HAS), au sujet de conflits d'intérêts qui entacheraient la réalisation de la fiche mémo sur la prise en charge de l'hypertension artérielle de l'adulte. Elle a exprimé son mécontentement dans une lettre ouverte adressée au Pr Agnès Buzyn, présidente de la HAS.
Le Formindep reproche notamment la coparticipation de la Société française d'hypertension artérielle, une société savante « en situation structurelle de conflit d’intérêts, étant financée par des entreprises commercialisant des produits concernés par cette fiche mémo (Servier, Novartis, Menarini, Bouchara Recordati, Takeda, mais aussi acteurs de l’automesure tensionnelle, logiciels et dispositifs médicaux) », d'après l'association, qui demande donc le retrait de cette fiche mémo, et la « création d’un groupe de travail réellement indépendant de l’industrie du médicament et des dispositifs médicaux pour rédiger de nouvelles recommandations de bonne pratique, élaborées et gradées selon une méthodologie reconnue ».
Des recommandations qui ne traitent pas de stratégies médicamenteuses
Le Formindep estime en outre que le processus de déclaration des intérêts des membres du groupe de travail a été « irrégulier », puisque plusieurs d'entre eux n'ont pas présenté de déclaration publique d’intérêts à jour lors de leur nomination ou durant leurs travaux, et que celles qui ont été remplies indiquent des « liens d'intérêt majeurs ».
Ainsi, la déclaration d'intérêt du Pr Jean-Michel Halimi, néphrologue au CHU de Tours, qui a dirigé le groupe de travail de la HAS, indique plusieurs interventions rémunérées pour les laboratoires Roche, Servier, MSD ou encore Novartis. Ces liens sont « censés constituer un cas d’incompatibilité », note le Formindep.
Contactée par « le Quotidien », la HAS rappelle que le sujet de cette fiche « n’est une évaluation des médicaments indiqués dans l’hypertension mais son dépistage, sa prise en charge, les stratégies de prise en charge et les problèmes d’observance que rencontrent les médecins ». L'intérêt relatif des différents traitements médicamenteux s'appuie sur des évaluations plus anciennes réalisées par la HAS. « Ce sont les classes médicamenteuses, et non pas les noms commerciaux, qui sont citées dans la note, ajoute la HAS. Ces médicaments sont de plus tous génériqués. » Les liens d'intérêts déclarés par les membres du groupe de travail « n'ont donc pas été retenus comme pertinents, compte tenu du périmètre de la fiche mémo, qui n’est pas l’évaluation des médicaments », conclut la HAS.
Suite à l'arrivée des génériques des différentes classes de traitement contre l'hypertension depuis 2013, la HAS va mener un nouveau travail sur l'efficience de ces médicaments, comme demandé dans l'article 143 de la loi de santé, qui charge la Haute Autorité de santé d'établir un guide des stratégies diagnostiques et thérapeutiques les plus efficientes ainsi que des listes de médicaments à utiliser préférentiellement.
Un scénario à rebondissement
Cette réaction du Formindep constitue une nouvelle étape du feuilleton concernant cette fiche mémo qui avait remplacé une version retirée en 2011 à la suite d'une décision du Conseil d’État qui, saisi par le Formindep, avait sanctionné le défaut d’impartialité dans l’élaboration de recommandations, dû déjà à un défaut de prévention des conflits d’intérêts.
« Le choix d’une fiche mémo et non d’une recommandation professionnelle pose également question. Son éventuel caractère opposable, contrairement aux recommandations de bonne pratique, est également peu clair », ajoute le Formindep, qui demande à Agnès Buzyn de le préciser « explicitement ».
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