LE QUOTIDIEN : Quelle place accordez-vous à la santé dans votre programme ?
NATHALIE KOSCISUKO-MORIZET : Je constate un décalage flagrant entre l’absence de la santé dans le débat politique national et son importance dans la vie économique et sociale de notre pays, ainsi que dans le quotidien de chaque citoyen. Les politiques se saisissent uniquement du sujet en cas de crise sanitaire ou de déséquilibre financier du système de protection sociale.
Je souhaite y remédier en m'emparant de la santé à l'occasion de la primaire. Je rencontre régulièrement des professionnels de santé à travers mes déplacements comme à la clinique Pasteur de Toulouse le mois dernier. Bientôt, je visiterai un institut de recherche et de formation sur le biomédicament et la cosmétique à Tours. Je vais réunir en juin l’ensemble des représentants des offreurs de soins du public et du privé pour échanger avec eux.
Je me nourris du terrain pour faire émerger de vraies alternatives à la politique de santé dogmatique de Marisol Touraine. Son hostilité à l’offre privée de soins en ville comme à l’hôpital conduit à la destruction de notre modèle de santé basé sur la complémentarité entre le public et le privé qu’il faut conserver.
Que reprochez-vous au gouvernement ?
Il est avant tout guidé par une idéologie étatique et anti-médecine libérale mais il avance à l’aveugle, sans stratégie. On assiste à un double mouvement néfaste d'étatisation et de financiarisation du système de santé, qui est par ailleurs trop hospitalocentré et « curativocentré » pour faire face efficacement aux enjeux du vieillissement et des maladies chroniques. Il faut évoluer vers une gestion du risque globale tout au long du cycle de vie.
D’autre part, il faut avoir une approche tournée sur l’efficience et la valeur et non plus sur le volume pour les soins. Il faut passer du soin à la santé. Or, le gouvernement fait juste l’inverse avec le développement des réseaux de soins conventionnés qui condamnent les professionnels à faire du volume aux dépens de la qualité, sans se préoccuper de l’amont du risque. Il détricote notre protection sociale en la bradant aux organismes d’assurance privés.
Le gouvernement affaiblit la médecine libérale mais n’a pas d’alternative à proposer. Outre les réseaux de soins, il impose un tiers payant généralisé dont juste le coût va mettre en péril la médecine générale libérale, qui est un pilier de notre système de soins. Je suis pour le maintien du tiers payant dans les conditions d’avant la loi Touraine, qui fonctionnait bien. Mais en généralisant ce dispositif, on annule la transaction financière entre le patient et le médecin tout en salariant ce dernier et en supprimant un levier de modération des dépenses de soins courants.
Que faire pour revaloriser la médecine de proximité ?
La médecine de proximité, c’est la médecine libérale avec des valeurs sociales fortes, la médecine libérale à la française. Pour redonner ses lettres de noblesse à la médecine de ville, je milite pour la création de centres ambulatoires universitaires (CAU), qui permettront d’étendre les prérogatives d’enseignement et de recherche à des centres ambulatoires de ville. Cessons de croire que seuls les hôpitaux et les CHU peuvent former les médecins de demain !
Les jeunes médecins semblent attirés par le salariat. L'exercice libéral a-t-il encore un avenir ?
Cette orientation se fait par dépit et non par conviction. On a tellement dévalorisé la viabilité de l’exercice libéral qu’on en arrive à cette situation. On voit bien que c’est ce type de politique publique qui crée les déserts médicaux dans les territoires, en désincitant les jeunes à s’installer.
L’exercice libéral est un mode entrepreneurial qui doit être soutenu comme toute entreprise de petite taille qui crée emplois et valeur ajoutée. Veut-on fonctionnariser la médecine de ville ? Les jeunes professionnels plébiscitent la pratique collective de la médecine, mais cela ne signifie pas devenir fonctionnaire.
Les jeunes veulent un exercice moderne, utilisant les outils numériques, leur donnant de la flexibilité et un équilibre de vie. Rien d’incompatible avec l’exercice libéral, bien au contraire. Laissons chaque professionnel libre de son choix d’exercice.
Doit-on réformer le financement de la protection sociale ?
Pour la retraite comme pour l'assurance maladie, je suis clairement favorable à un modèle de financement centré sur le statut de la personne et non sur sa situation professionnelle. C'en est fini du CDI à vie ! Aujourd’hui, on enchaîne CDD, intérim et aller retour entre le public et le privé. Notre dispositif de protection sociale n’est donc plus adapté. Je milite donc en faveur de droits individuels et portables. Ce serait la fin d’une injustice et d’une complexité de gestion considérables. Je proposerai un système de financement assis sur un régime universel unique en santé et un régime universel unique de retraite.
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