En politique, le courage est moins souvent pratiqué qu'il n'est recommandé par ceux qui n'ont pas de responsabilités. En renonçant, pour le moment en tout cas (mais n'était-il pas urgent de relancer l'emploi dans ce pays ?), à la réforme du code du travail, l'exécutif fait-il preuve d'un réalisme élémentaire dès lors que le projet est dénoncé avec violence par une bonne moitié de la gauche ? François Hollande a surtout voulu éviter un clash si profond entre lui d'une part et les frondeurs, les écologistes et l'extrême gauche d'autre part qu'il risquait de l'empêcher purement et simplement de présenter sa candidature à un second mandat. La succession d'événements imprévisibles dans le fonctionnement des institutions donne le vertige. Manuel Valls a défendu le projet de réforme avec une très grande fermeté ; il a fait en sorte que le texte ne fût pas défendu par Emmanuel Macron, objet de tous les ressentiments et fût confié à la novice Myriam El Khomri. Le Premier ministre devait ainsi démontrer que son gouvernement remanié gouvernerait jusqu'au bout du quinquennat, qu'il ne renonçait à aucune des réformes d'inspiration libérale qu'il comptait lancer, avec l'intense désir de changer durablement quelques structures nationales abimées par la sclérose.
L'ajournement de la réforme permettra peut-être, et encore n'est-ce pas sûr, de recoudre les déchirures de la majorité ; elle permettra (mais la méfiance entre vallsistes et aubrystes n'est-elle pas profonde et durable ?) peut-être de reconstituer une force homogène telle que la souhaite Martine Aubry, c'est-à-dire foncièrement anti-libérale et vouée à la réduction du temps de travail, sur laquelle le président de la République construirait une campagne dont le message serait diamétralement opposé à celui que, avec M. Valls, il a tenté, mais en vain, d'adresser depuis deux ans au pays. Mais, en réalité, le chef de l'État est déjà écartelé entre deux forces qui s'annulent l'une l'autre : d'un côté les réformistes qui savent que, sans leur action, le pays court à sa perte ; de l'autre, les aubrystes, frondeurs, gauchistes et écologistes qui, forcément, nous proposeront ce qu'ils ont déjà fait et a conduit à l'affaiblissement dramatique du pays.
Une question de fond
M. Valls nous dira sans doute que, s'il se résigne à ajourner la réforme, c'est parce qu'il reconnaît ne pas en avoir suffisamment étudié les conséquences ni examiné les détails avec les forces vives du pays. Le texte n'étant que repoussé, apparemment, que de quinze jours, il ne s'agirait que d'une question de temps, de ce temps qu'il faut donner à tout projet pour qu'il recueille un minimum de consentements. Mais personne n'est dupe : il ne s'agit pas d'une question de forme, mais de fond. Les partenaires sociaux et politiques du pouvoir ont très bien compris le contenu de la réforme et il ne s'agit pas simplement d'éclairer leur lantene afin de conquérir leur approbation. Ils ne seront satisfaits en vérité que lorsque le nouveau code du travail sera vidé de son contenu, que lorsqu'il aura entériné la semaine de 35 heures, le CDI, des indemnités de licenciement décidées exclusivement par les juges des prud'hommes, bref tout pour la sécurité de l'emploi, rien pour la flexibilité. La CFDT, syndicat avec lequel le pouvoir socialiste a des atomes crochus, a déjà posé ses conditions. D'une réforme qui, selon nombre d'experts et de personnalités de l'opposition, allait apporter un changement historique dans les relations sociales, on va passer à une réforme inutile qui ne réduira pas le chômage en France, alors que le monde en général et nos partenaires européens en particulier nous demandent d'en finir avec le mythe d'un partage du travail censé profiter à tout le monde mais qui maintient les chômeurs dans l'inactivité.
François Hollande croit peut-être qu'en renonçant à la réforme du travail et en ramenant vers lui les amis qu'il s'est aliénés, il aura assez élargi son camp pour redevenir un candidat crédible. Les électeurs, eux, auront calculé la somme de ses renoncements.
Vers un plan Maladies rénales ? Le think tank UC2m met en avant le dépistage précoce
La prescription d’antibiotiques en ville se stabilise
Le Parlement adopte une loi sur le repérage des troubles du neurodéveloppement
Chirurgie : les protocoles de lutte contre l’antibiorésistance restent mal appliqués, regrette l’Académie