Une équipe de chercheurs de l'Institut Pasteur de Paris vient de publier, dans le bulletin « Eurosurveillance », une étude qui suggère que le virus de la fièvre jaune pourrait être transmis par le moustique Aedes albopictus, également appelé moustique tigre. D'après les données de la littérature, c'est l'espèce Aedes aegypti qui est le vecteur principal de la transmission du virus à l'homme, notamment en zones urbaines.
Cette découverte est d'autant plus importante qu'Aedes albopictus, qui peut aussi transmettre la dengue, le chikungunya ou le virus Zika, est implanté en Métropole (présent dans 30 départements) ainsi qu'à la Réunion et à Mayotte.
Quarante moustiques nourris au virus
Pour aboutir à cette conclusion, l'équipe d'Anna-Bella Failloux a nourri 40 moustiques tigres avec un repas contenant l'une des neuf souches de virus de la fièvre jaune en circulation dans le monde (la souche S79-Pa d'Afrique de l'Ouest). Ces moustiques étaient les descendants d'insectes capturés dans le sud-est de la France. Les chercheurs ont étudié la dissémination du virus de la fièvre jaune au sein de leur organisme à 7, 14 et 21 jours après exposition. Les taux d'infection du moustique (proportion d'insectes infectés), de dissémination du virus dans l'organisme (passage de la barrière intestinale jusqu'aux organes et à l'hémocèle, la cavité extracellulaire des moustiques), de transmission du virus (passage du virus de l'hémocèle à la salive) et l'efficacité de cette transmission (le nombre de moustiques pour lesquels le virus est retrouvé dans la salive) ont été calculés.
Bien que les taux d'infection, de dissémination et de transmission du virus aient été relativement faibles pour ces 40 insectes (inférieurs à 15/40, 6/8 et 2/9 respectivement), des particules virales ont été retrouvées dans le corps et la tête de quelques moustiques à 7, 14 et 21 jours. Par ailleurs, le virus était présent dans la salive de respectivement deux et un moustique (sur 40) à 14 et 21 jours.
Une surveillance à mettre en place
Cette étude suggère donc que l'espèce Aedes albopictus circulant en Métropole est susceptible de transmettre le virus de la fièvre jaune à la population. Par ailleurs, la faible efficacité de cette transmission pourrait contribuer à la sélection d'une souche de virus très virulente, susceptible de déclencher des formes cliniques plus sévères chez les personnes infectées. Enfin, les chercheurs soulignent que la forte densité de ce moustique en zone urbaine pourrait en faire un vecteur idéal du virus.
En Europe, le dernier foyer de fièvre jaune connu date de 1905, à Gibraltar et aucun cas importé n'a été décrit depuis longtemps. Toutefois, l'introduction du virus en Métropole via un cas importé de fièvre jaune représente un risque réel. Les auteurs soulignent l'importance de la mise en place d'une surveillance du virus amaril, en plus de celle mise en place chaque année, du 1er mai au 30 novembre, pour les virus de la dengue et du chikungunya, portés par le même moustique Aedes aegypti.
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