Dans un contexte de protestation grandissante avant l'été, la grande question était de savoir si le Plan national de lutte contre la maladie de Lyme annoncé en juin par Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé, allait créer une fracture ou n'être qu'un rebondissement dans la polémique concernant les formes tardives de la maladie.
Il semble que le gouvernement n'ait pas failli à cet exercice risqué. Ce nouveau plan présenté le 29 septembre semble à la fois à la hauteur des attentes des associations, qui l'ont accueilli favorablement, tout en rassurant les partisans d'une approche orthodoxe par son cadre structuré.
Dans cette volonté d'apaisement, le directeur de la DGS, Benoît Vallet, s'est par ailleurs engagé oralement auprès des associations à ce que les poursuites envers les médecins Lyme soient suspendues par l'Ordre des médecins et la Caisse primaire d'Assurance Maladie.
Ce plan en 5 axes stratégiques et 15 actions « répond aux besoins de prise en charge des malades », est-il indiqué dans un communiqué de presse. Plusieurs mesures concrètes pour le diagnostic et la prise en charge ont été prises afin d'« éviter le sentiment d'abandon et l'errance thérapeutique auxquels sont confrontés des malades de Lyme ».
Au-delà des formes tardives, les cinq axes stratégiques élargissent le débat à l'ensemble des problématiques de la maladie : surveillance vectorielle et mesures de lutte contre les tiques, surveillance et prévention des maladies transmissibles par les tiques, prise en charge des malades, tests diagnostiques, recherche.
La SPILF mise à contribution
Pour lutter contre « l'errance médicale », deux outils pratiques destinés aux médecins vont être développés sous le pilotage de la Société des pathologies infectieuses de langue française (SPILF) : un bilan standardisé des infections transmissibles par les tiques et d'un protocole national de diagnostics et de soins (PNDS). Ces documents seront élaborés « en concertation avec les associations ». Est prévue également la création de centres spécialisés régionaux pour organiser la filière de soins.
Le ministère rappelle avoir saisi la HAS en juin 2016 pour « proposer des critères médicaux » de l'admission de la maladie de Lyme dans la liste des affections longue durée (ALD). La HAS a également pour mission d'élaborer des recommandations sur les actes et prestations nécessaires pour la prise en charge de la maladie.
Améliorer les tests
Concernant les tests diagnostiques, qualifiés « d'imparfaits » par l'Académie de médecine, l'Agence du médicament (ANSM) et le Centre national de Référence (CNR) sont chargés de « poursuivre l'évaluation des kits déjà disponibles sur le marché et la bonne interprétation des résultats par les laboratoires de biologie médicale ». L'Institut Pasteur est chargé d'engager des travaux pour développer de nouveaux outils de diagnostic.
La mise en place d'une cohorte prospective de suivi des patients est vivement encouragée par le ministère de la santé. Selon les chiffres du réseau Sentinelles publié le 29 septembre, on estime en France en 2015 à 33 202 le nombre de personnes touchées par la maladie. Le ministère veut améliorer la prévention, notamment en informant les promeneurs et les randonneurs à l'orée des forêts (panneaux) et la mise en place d'actions locales du public et des professionnels de santé.
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