Intitulé « Vaincre le paludisme dans les régions Asie, Pacifique, Amériques, Moyen-Orient et Europe », le rapport publié cette semaine à l’occasion d’une Conférence sur le paludisme qui s’est tenue cette semaine à Sidney (Australie), souligne le fardeau que représente le paludisme hors d’Afrique, en particulier en Asie. En 2010, environ 34 millions de cas de paludisme et 46 000 décès dus à la maladie ont été recensés dans 51 pays non africains. La région Asie-Pacifique qui regroupe 20 pays dans lesquels le paludisme est toujours endémique, totalise environ 88 % des cas (30 millions) et 91 % des décès (42 000). L’Inde, l’Indonésie, le Pakistan, la Birmanie et la Papouasie - Nouvelle-Guinée sont les pays les plus touchés.
Des progrès et des obstacles.
Dans les régions hors Afrique des progrès ont été réalisés avec une réduction de plus de 50 % du nombre de cas depuis 2000 et de 30 % du nombre de décès liés à la maladie. Quatre pays ont même été déclarés indemne de paludisme : l’Arménie, le Maroc, le Turkménistan et les Émirats arabes unis. La région Europe de l’OMS envisage l’élimination totale de la maladie d’ici à 2015.
Toutefois la lutte contre le paludisme dans ces régions se heurte à des problèmes spécifiques. Les deux parasites responsables de la maladie sont présents : Plasmodium falciparum et Plasmodium vivax, ce qui rend essentiel l’accès au test diagnostic rapide pour adapter au mieux le traitement. Par ailleurs, le nombre de cas dus à P. falciparum tend à chuter plus rapidement que le nombre de cas de paludisme à P. vivax. Orl’infection à P. vivax, moins sévère avec des formes moins graves que celle à P. falciparum, est plus difficile à diagnostiquer et à traiter (primaquine tous les jours pendant 14 jours). Enfin, dans ces régions, les moustiques vecteurs de la maladie présentent une grande diversité avec des comportements spécifiques ce qui complique la lutte antivectorielle.
Résistance à l’artémisinine.
Toutefois, les scientifiques s’alarment surtout de l’émergence dans le bassin du Mékong d’une résistance à l’artémisinine de P. falciparum. Observée pour la première fois en 2004 à la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge, elle s’est étendue à la Thaïlande, la Birmanie et a été détectée au Cambodge et au Vietnam. Le danger est que cette forme résistante sorte d’Asie du Sud-Est pour « émerger en Afrique », a prévenu Richard Feachem, ancien directeur du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Une crainte que partage la nouvelle directrice exécutive du partenariat Roll Back Malaria (Faire reculer le paludisme), Fatoumata Nafo-Traore. « L’inquiétude actuellement, c’est que même si la souche est confinée aux zones frontalières, elle se propage à d’autres parties du monde à cause des flux démographiques, des travailleurs migrants », a-t-elle expliqué.
Les experts ont souligné lors de la conférence de Sydney l’urgence d’une action coordonnée contre cette menace comme le prévoit le Plan mondial d’élimination de la résistance aux artémisinines, notamment dans la sous-région du Mékong. L’éradication de la maladie en Asie-Pacifique pourrait être possible d’ici à 2025, à condition que les pouvoirs publics restent mobilisés, a souligné Richard Feachem : « C’est la rançon du succès. Quand certains pays affichent moins de 100 cas par an, les responsables politiques (s’en désintéressent) et le paludisme resurgit. »
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