La stratégie nationale d'amélioration de la qualité de vie au travail présentée par Marisol Touraine en début de semaine (volet hospitalier) a laissé le secteur sur sa faim.
Ce plan d'action (voir ci-dessous), qui vise à « donner une impulsion nationale forte, volontariste, avec des moyens à la hauteur des enjeux », se veut une réponse au cri d'alarme d'associations et syndicats de soignants, témoins d'un malaise grandissant à l'hôpital et d'une dégradation constante des conditions de travail.
Les suicides de cinq infirmiers en 2016 et du Pr Jean-Louis Mégnien, cardiologue à l'hôpital européen Georges-Pompidou (AP-HP), en décembre 2015, ont libéré la parole des professionnels. Pas moins de 200 PU-PH, praticiens (PH) et paramédicaux ont déjà témoigné auprès de l’association éponyme de cas de maltraitance ou de harcèlement à l'hôpital.
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Si le monde hospitalier se félicite d'un plan élaboré en concertation, sans doute bénéfique pour la reconnaissance de la souffrance au travail des soignants et pour la détection des risques psychosociaux, tous auraient souhaité davantage d'audace. « Nous ne sommes satisfaits qu'à 30 %, résume le Pr Bernard Granger, psychiatre à l'AP-HP et vice-président de l'association Mégnien. La question des sanctions contre les "harceleurs" est totalement éludée. Nous craignons un effet de communication. »
Avenir hospitalier partage ce constat. La centrale de PH regrette que rien ne soit concrétisé pour combattre les suspensions administratives de praticiens décidées « par des directeurs qui ne prennent même pas la peine de dire pourquoi », se désole le Dr Max-André Doppia, président du syndicat. Des mesures interdisant la violence verbale à l'intérieur de l'hôpital (hors patients) manquent également. « On entend trop souvent : "je vais vous mettre au CNG" [centre national de gestion, qui gère les réaffectations des PH, NDLR]. Il faudrait une tolérance zéro pour ce genre de propos », déplore l'anesthésiste de Caen.
Contradiction
« Toute stratégie sur ce sujet est bonne à prendre… si elle se concrétise rapidement, affirme le Dr Thierry Godeau, président de la conférence des CME de CH. Mais la ministre n'a donné aucun calendrier alors que les situations d'épuisement sont de plus en plus fréquentes à l'hôpital. C'est la catastrophe dès qu'il y a un poste vacant. »
Outre la question du calendrier à six mois de l'échéance présidentielle, la question des moyens est posée. Les 30 millions d'euros débloqués par la ministre (pour les services de santé au travail) seront-ils suffisants ? À la Fédération hospitalière de France (FHF), David Gruson pointe une « contradiction très forte » entre l'annonce d'une stratégie le lundi matin et le vote l'après-midi d'un budget de la Sécu qui ponctionne 300 millions d'euros sur les fonds de formation permanente du personnel hospitalier gérés par l’ANFH. « Cette décision ne peut que réduire les marges de manœuvre des établissements », analyse le délégué général.
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