UN CONSORTIUM scientifique international, auquel ont participé deux équipes françaises, l’une à Marseille dirigée par le Pr Raoult et l’autre à Bordeaux (Jan Veenstra), vient de décrire le génome du pou de corps et de son endosymbiote, la bactérie Riesa. De leur gigantesque travail de séquençage sur plus de 100 parasites, de nombreux enseignements pourraient être utiles pour le développement de nouveaux pesticides et autres anti-insectes dans la pédiculose. Tout d’abord, le pou de corps, qui détient le record du plus petit génome parmi les insectes, est également le plus dépourvu en gènes régulant l’adaptation à l’environnement. Et tout particulièrement, ceux codant pour les récepteurs du goût et de l’odorat et pour des enzymes protectrices détoxifiantes, contrairement aux autres insectes. Autre information de « taille », l’endosymbiote du pou de corps est totalement dépourvu de gènes de résistance aux antibiotiques. Or comme la bactérie Riesa est indispensable à la survie de son hôte, il pourrait être envisagé de la prendre pour cible... et se débarrasser ainsi de la pédiculose.
Le génome de la bactérie Riesa comporte moins de 600 gènes, qui sont situés sur un chromosome linéaire et un plasmide circulaire. C’est ce curieux plasmide qui porte le réarrangement unique de gènes codant pour la synthèse de pantothénate, une vitamine essentielle non apportée par l’alimentation du pou. Quant au parasite lui-même, son génome est réduit au minimum, par rapport à l’abeille et au cafard rouge. Au cours de l’évolution, il a conservé le contrôle de la plupart des fonctions physiologiques de base, seules quelques-unes ayant été « déléguées » à l’endosymbiote. Le génome du pou ne contient que 10 gènes pour les récepteurs odorants, soit le plus petit score observé jusqu’à présent dans le monde des insectes ! De même, le pou de corps code pour le plus petit nombre d’enzymes détoxifiantes, ce qui cadre bien avec le mode de vie obligatoirement parasitaire et donc relativement protecteur vis-à-vis des agressions chimiques extérieures. Selon de récents travaux français (voir « le Quotidien » daté du 30 mars 2010), le patrimoine génétique des poux de tête et de corps est identique et la zone d’éclosion des larves détermine le phénotype. L’éradication des poux de corps serait ainsi difficile parmi les populations précaires, en raison d’une réinfestation par les poux de tête. Les données du consortium suggèrent de nouvelles approches pour lutter contre la pédiculose et certaines maladies transmises à l’homme, telles que le typhus et la fièvre des tranchées.
Proc Natl Acad Sci USA, publié en ligne le 21 juin 2010.
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