PRENANT le relais d’un ministre du Travail affaibli par le rôle de son épouse dans la gestion de la fortune de Liliane Bettencourt, François Fillon, éternel pompier de service, a réaffirmé que le gouvernement ne renoncerait pas à la retraite à 62 ans. Le projet a sans nul doute reçu un mauvais coup avec l’affaire Bettencourt qui discrédite quelque peu le meilleur technicien dont dispose le Premier ministre, à savoir Éric Wœrth. Mais il a aussi reçu le soutien incomparable de Michel Rocard, qui a largement approuvé la réforme à un moment décisif. M. Rocard estime que Martine Aubry « se trompe de combat » en faisant de l’âge de la retraite un symbole et que la réforme est « courageuse ». L’ancien Premier ministre a affirmé que lorsque François Mitterrand a décidé de ramener à 60 ans l’âge de la retraite, « tous les ministres chargés de l’Économie, Fabius et y compris Delors, étaient effondrés ». Ce qui expédie aux oubliettes la charge que Mme Aubry a lancée contre Nicolas Sarkozy parce qu’il avait déclaré en privé que l’adoption par Mitterrand de la retraite à 60 ans n’avait pas rendu service au pays.
L’exception ou la règle.
Les syndicats et le PS ont préféré ignorer les propos de Michel Rocard et se concentrer sur les « deux millions » de personnes qui auraient manifesté jeudi dernier. On ne s’étendra pas sur une pratique de la démocratie française en vertu de laquelle une grande manifestation vaut un scrutin national. Le gouvernement est le premier à tenir compte du nombre des manifestants et il a pris acte jeudi de l’ampleur du mécontentement populaire. En conséquence de quoi, M. Fillon, vendredi, a dit deux choses essentielles : « Aucun salarié qui a commencé à travailler à 18 ans ne sera obligé de prendre sa retraite à 62 ans » et « aucune manifestation ne réglera le problème démographique ». En bonne justice, le cas des travailleurs qui ont commencé leur carrière à l’adolescence méritait une exception. Si le gouvernement, jusqu’à présent, ne souhaitait pas tenir compte de la pénibilité de certains métiers, c’est parce qu’un syndicat les trouvera tous pénibles et que l’exception risque de devenir la règle, annulant de la sorte les gains financiers de la réforme.
La réforme proposée aujourd’hui par le pouvoir n’est qu’une étape. Elle ne rend le système solvable qu’en 2018 et pas au-delà. Elle coûte 15 milliards à l’État, en dépit de l’allongement des carrières et de l’augmentation de certains impôts. Comme l’a expliqué Michel Rocard, nous devrons procéder à une nouvelle réforme dans dix ans.
MÊME UNE RÉFORME DE LA GAUCHE NE RÉDUIRAIT PAS LES INÉGALITÉS DU SYSTÈME
Le paramètre démographique, celui que la gauche et les syndicats ont voulu ignorer, est indiscutablement le plus important. L’État aurait-il dû annoncer un âge de la retraite repoussé de trois ans au lieu de deux et prévoir d’emblée des dispositions particulières pour les carrières longues ou pénibles ? Il n’est pas sûr qu’il eût été alors mieux accueili par les syndicats. Il risquait de devoir abandonner un ou deux ans de prolongation de carrière et financer les retraites anticipées. La grandiloquente discussion sur la pénibilité, sur les riches que l’on épargne, sur les pauvres que l’on accable, sur l’injustice d’un système, est artificielle. Les régimes de retraite sont aussi divers qu’inégalitaires dans leurs effets. Des régimes spéciaux existent encore ; les fonctionnaires continuent de bénéficier de privilèges ; les retraites complémentaires, réservées aux cadres leur permettent d’obtenir, après leur départ à la retraite, un niveau de vie à peu près équivalent à celui qu’ils avaient pendant leur période d’activité ; enfin toute personne bardée de diplômes et touchant un salaire élevé est en mesure, si elle a le sens de l’épargne, de cumuler retraite de base, retraite complémentaire et retraite par capitalisation.
Même une réforme de la gauche ne réduirait pas les inégalités des retraites. Vouloir établir une égalité absolue entre les retraités d’une part, entre les actifs d’autre part, est aussi illusoire que de ramener au Smic les salaires des cadres. La retraite par répartition ne vise qu’à empêcher le dénuement des personnes âgées, à leur donner les moyens de leur dignité. Nous sommes, quoi qu’on en dise, dans une économie de marché, c’est-à-dire dans un système économique naturellement inégalitaire. Étant entendu que la recherche d’une répartition arithmétique des revenus de tous entre tous conduirait à la destruction de ce système.
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