Comment relancer la politique nutritionnelle en France, formalisée depuis 2001 dans le programme national nutrition santé (PNNS, dont la troisième édition prendra fin en 2015), puis dans le Plan obésité (PO, 2010-2013) ? En pérennisant ces actions dans le cadre de la Stratégie nationale de santé, répondent dans un rapport en deux volets les professeurs en nutrition Serge Hercberg (INSERM) et Arnaud Basdevant (Pierre et Marie Curie).
Le premier, président du PNNS, consacre 150 pages à valoriser la prévention nutritionnelle, levier crucial pour réduire les inégalités sociales de santé (voir encadré).
Dans un second temps, le Pr Basdevant, président du PO, se penche sur la prise en charge des maladies liées à la nutrition (cancers, obésité, diabète, maladies cardiovasculaires...). Les enjeux sont immenses : un tiers des décès survenus avant 65 ans sont dus à des comportements nutritionnels néfastes. Mais les armes sont émoussées. Fragmentation des soins, cloisonnements des acteurs, difficultés de prescrire et d’observer des conseils sur les habitudes de vie, société de consommation, sont autant d’obstacles à la prise en charge de l’aspect nutritionnel des maladies chroniques. « Les professionnels de la santé en nutrition ne sont pas en mesure actuellement de répondre à la demande », écrit le Pr Basdevant. Et d’appeler à une évolution radicale des pratiques, fondée sur une approche communautaire de la santé.
Création d’unités transversales de nutrition
Le spécialiste plaide pour la mise en place de parcours de soins pour les maladies de la nutrition, grâce à des médecins nutritionnistes et diététiciens intégrés dans des approches pluridisciplinaires. Concrètement, une unité transversale de nutrition devrait être créée dans chaque établissement pour faire le lien entre l’hospitalisation et l’ambulatoire, le médical, le paramédical, et le social. Un socle d’information en nutrition, intégré au dossier médical partagé, faciliterait les échanges entre professionnels et patients. Parmi les priorités devrait figurer le dépistage de la malnutrition chez les jeunes (troubles du comportement alimentaires) et de la dénutrition à tous les âges.
Le Pr Basdevant insiste ensuite sur l’importance du maillage territorial des soins. En matière d’obésité, l’impulsion a été lancée avec le PO, mais la situation reste préoccupante en Outre-Mer et la lutte contre la stigmatisation est loin d’être gagnée. Plus généralement, l’accès aux paramédicaux (dont les activités doivent être revalorisées) et aux spécialistes doit être renforcé et leur rôle, repensé dans le cadre de la santé communautaire.
Vers un plan Maladies rénales ? Le think tank UC2m met en avant le dépistage précoce
La prescription d’antibiotiques en ville se stabilise
Le Parlement adopte une loi sur le repérage des troubles du neurodéveloppement
Chirurgie : les protocoles de lutte contre l’antibiorésistance restent mal appliqués, regrette l’Académie