LE QUOTIDIEN DU MÉDECIN - Pourquoi cet essai de l’ANRS et en quoi est-il inédit ?
Pr JEAN-MICHEL MOLINA - L’essai PreP vise à démontrer l’efficacité d’une telle stratégie, ce qui est original dans la mesure où il n’y a pas d’autres essais, à ma connaissance, qui répondent à cette question. Aujourd’hui, on a 5 fois plus de nouvelles contaminations que de cas de sida en France – chaque fois qu’il y a un cas de sida déclaré, il y a 5 personnes qui viennent de se contaminer –, il faut vraiment faire quelque chose pour éviter les nouvelles contaminations. Il n’y a pour l’heure pas l’espoir d’un vaccin et nous avons épuisé tous les moyens de prévention actuels. L’essai constitue un espoir de faire plus et nous avons des arguments qui laissent penser que cela peut marcher. Nous savons que cela ne va pas être un moyen de prévention 100 % efficace. Comme pour tous les moyens de prévention, l’efficacité sera partielle. Mais c’est justement l’addition des moyens qui permettra d’avoir un impact suffisant.
L’étude comportera un volet médico-économique important parce qu’on a besoin d’apprécier non seulement l’efficacité de la stratégie mais aussi ses éventuels effets négatifs : les problèmes de résistance, les problèmes de modifications des comportements, les problèmes de coûts, les problèmes de tolérance du traitement. La réponse ne sera pas unique mais consistera en une sorte de balance entre l’efficacité, d’une part, et la tolérance, l’acceptabilité, l’adhésion au traitement, l’utilisation des autres moyens de prévention. Cette étude a pour but de rajouter un moyen de prévention à ceux qui existent aujourd’hui et non pas de se substituer aux moyens existants.
Pourquoi cette consultation communautaire ?
Elle a été menée très en amont, de façon à ce qu’il y ait le temps de la réflexion, de l’appropriation de la thématique et des questions qui peuvent se poser. Cela nous aide à apprécier le ressenti de cette étude, de mieux comprendre les attentes et les interrogations des participants. Nous, scientifiques, nous concevons des essais pour essayer de répondre à une question scientifique et apporter une innovation. Mais il faut ensuite, et cela a toujours été un problème dans le domaine de la prévention, que cette innovation soit appliquée et utilisée. Une telle consultation nous permettra de mettre le plus en phase la question scientifique et les attentes de la communauté. Les résultats vont nous permettre d’affiner le protocole de l’étude
Est-ce une première pour l’ANRS ?
Nous avons le précédent des études menées avec l’association AIDES sur les tests rapides. Avec ce type de partenariat avec l’ANRS, les associations de patients sont encore plus acteurs de la recherche et pas seulement de simples observateurs ou conseillers. Dans un domaine comme celui de la prévention, c’est évidemment essentiel. Nous devons évoluer dans notre façon d’envisager la recherche, en particulier dans le champ du sida, où il existe une communauté assez bien organisée et assez forte et qui connaît bien les enjeux. Les associations peuvent aider à mieux expliquer à la communauté des messages que, quelquefois, les médecins ont du mal à faire passer.
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