Dans un numéro tout entier consacré aux migrants, le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » (« BEH ») s'est penché sur les soins prénatals et la santé maternelle de cette population.
Des chercheurs de l'INSERM, Élie Azria et col., ont analysé les données issues de quatre études françaises : l’Enquête nationale confidentielle sur les morts maternelles (ENCMM) 2007-2012, l’étude Epimoms de la morbidité maternelle sévère menée dans 6 régions en 2012-2013, la cohorte prospective PreCARE des femmes ayant accouché en 2010-2011 au sein de quatre maternités du GHU Paris-Nord et une étude qualitative menée en 2016 auprès de femmes enceintes hypertendues.
Mortalité et morbité plus élevées
Les résultats confirment l'existence d'inégalités sociales de santé maternelle entre femmes immigrées et femmes nées en France. Les premières ont un risque accru de décès maternel, en particulier lorsqu'elles sont originaires d'Afrique subsaharienne. Le risque est 3,4 fois plus important pour une femme née en Afrique subsaharienne.
Même constant lorsque l'on considère cette fois la morbidité maternelle sévère (MMS). Dans l'étude Epimoms (Epidemiologie de la morbidité maternelle sévère), les femmes immigrées étaient plus nombreuses dans le groupe MMS que dans le groupe témoin (31,2 % contre 24,5 %), en particulier pour les femmes nées en Afrique subsaharienne (11,2 % contre 8,1 %). Les complications hypertensives et infectieuses (sepsis sévère) étaient les pathologies le plus souvent en cause. Le risque d'hémorragies du post-partum est, lui aussi, plus élevé.
Le suivi en question
Les travaux mettent aussi en évidence un taux de suivi prénatal inadéquat très élevé. L'étude PreCARE a évalué le taux de suivi adéquat à 34,7 % chez les femmes originaires d'un pays d'Afrique subsaharienne (versus 17,3 % pour celles nées en France). L'étude qualitative de 2016 a par exemple montré que le contrôle systématique de la pression artérielle par « dynamap » (toutes les 5 minutes pendant une demi-heure) en cas de première valeur pathologique était moins fréquent et plus retardé chez les femmes nées en Afrique subsaharienne que chez celles nées en France.
Ces résultats soulignent « la nécessité de poursuivre les recherches concernant les barrières à l’accès au système de soins et aux soins de qualité des femmes immigrées enceintes, et en particulier les implications que peuvent avoir les représentations et les discriminations dans la genèse des inégalités de santé maternelle et périnatale », concluent les auteurs. D'autant que ces disparités ne sont pas neutres en termes de santé de l'enfant. En 2015, un enfant sur 5 est né en France de mère née à l'étranger. Cette même année, 22 % des naissances vivantes concernaient des femmes nées à l'étranger.
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