PARMI les évolutions du calendrier vaccinal 2010 figure l’introduction de la vaccination généralisée contre les infections invasives à méningocoque C. « Plusieurs facteurs ont présidé à cette recommandation, d’une part le maintien à un niveau élevé – parmi les plus élevés des pays européens – de l’incidence des infections invasives à méningocoque C, mais aussi la circulation d’une souche hypervirulente, suscitant une certaine inquiétude », explique le Dr Odile Launay. Par ailleurs, l’expérience acquise dans d’autres pays montre que la vaccination généralisée est associée à une baisse de l’incidence des infections invasives à méningocoque C, sans pour autant entraîner d’augmentation des infections par d’autres types de méningocoques. Enfin, l’arrivée de vaccins conjugués efficaces chez le nourrisson. C’est sur la base de ces différents éléments que la balance a penché en faveur de la vaccination généralisée.
Au niveau des modalités pratiques, le choix s’est porté sur une vaccination des enfants entre les âges de un et deux ans, car cela n’implique qu’une seule injection, comparativement à trois injections chez les plus petits. Elle s’accompagne d’un rattrapage étendu jusqu’à l’âge de 24 ans devant permettre l’obtention d’une immunité de troupeau. Cette stratégie paraît ainsi plus judicieuse, non seulement en termes d’acceptabilité, mais aussi de rapport coût/efficacité. Il est un peu tôt pour évaluer l’impact de cette recommandation, qui a permis d’obtenir une diminution rapide de l’incidence des infections invasives à méningocoque C dans les autres pays européens l’ayant adoptée.
Parallèlement à cette évolution, les recherches se poursuivent pour la mise au point d’un vaccin contre les infections à méningocoques B, beaucoup plus fréquentes. « Un premier vaccin pourrait être disponible en 2012 », précise le Dr Launay.
Éviter les rougeoles nosocomiales.
Deuxième grande actualité : la résurgence des cas de rougeole constatée depuis la fin de l’année 2008. Cette épidémie concerne l’ensemble du territoire et est la conséquence de l’insuffisance de la couverture vaccinale, en partie liée à des groupes de la population hostiles ou peu accessibles à la vaccination. On observe ainsi des cas de rougeole à la fois chez des petits enfants et, dans la moitié des cas, chez des adolescents de plus de 15 ans, voire des jeunes adultes, les formes étant dans ce cadre souvent plus sévères. Sans oublier la survenue de cas de rougeole nosocomiale, conséquence de la méconnaissance de la maladie, aboutissant à l’hospitalisation sans aucune protection de patients infectés. Avec pour corollaire, le risque de transmission au personnel soignant et aux autres patients.
La recommandation vise à ce que tous les sujets de moins de 18 ans aient reçu deux doses de vaccins et que les sujets nés entre 1980 et 1991 et n’ayant jamais été vaccinés reçoivent une dose de vaccin. « Pour mémoire, la deuxième dose n’est pas un rappel, mais permet d’augmenter le taux de répondeurs au vaccin », insiste le Dr Launay.
Afin d’éviter le risque d’épidémie hospitalière, la vaccination est bien sûr essentielle chez les professionnels de santé – y compris les personnels en formation – et il est ainsi préconisé que les personnes sans antécédent de rougeole et n’ayant pas été vaccinées reçoivent une dose vaccinale. Si la couverture vaccinale contre la rougeole reste insuffisante, on peut par ailleurs se féliciter de l’amélioration significative de la couverture vaccinale des nourrissons contre l’hépatite B, facilitée par le vaccin hexavalent, expose le Dr Launay.
Un nouveau vaccin conjugué contre les infections invasives à pneumocoque, comprenant 13 valences, a cette année obtenu une autorisation de mise sur le marché et se substitue depuis le mois de juin au vaccin à 7 valences, selon le même schéma vaccinal. Le calendrier vaccinal précise les modalités pratiques durant la période de transition.
Les infections à rotavirus.
La vaccination contre les infections à rotavirus a fait l’objet de nombreuses discussions, en partie liée au doute persistant sur le risque d’invagination intestinale aiguë et, in fine, le comité technique des vaccinations a décidé de ne pas recommander la vaccination systématique des nourrissons de moins de six mois. Le rapport souligne que « malgré la prise en compte d’une hypothèse favorable aux vaccins pour l’estimation de l’incidence des infections nosocomiales à rotavirus et l’extension de l’analyse chez les enfants jusqu’à 5 ans, par rapport à la prise en charge actuelle, une vaccination par le vaccin pentavalent apparaît peu coût-efficace et une vaccination par le vaccin monovalent à la limite du seuil proposé par l’Organisation mondiale de la santé ». Le groupe de travail recommande la mise en œuvre de mesures visant à améliorer la prise en charge des gastro-entérites aiguës chez le nourrisson et les pratiques sur la réhydratation orale et qu’une évaluation de ces actions soit menée.
Enfin, il semble important de rappeler que, depuis deux ans (Décret n° 2008-877 du 29 août 2008), les infirmières sont habilités à vacciner contre la grippe, sans prescription médicale, à condition qu’il ne s’agisse pas de la première injection. Cette part active prise par les infirmières dans la vaccination antigrippale est une réelle avancée, estime le Dr Launay.
* D’après un entretien avec le Dr Odile Launay, hôpital Cochin, Paris.
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