L'Agence nationale de sécurité sanitaire, alimentation, environnement, travail (ANSES) ne recommande pas aux pouvoirs publics d'encourager le port des masques dits « antipollution », fait-elle savoir au regard de son expertise collective, réalisée à la demande de la Direction générale de la santé (DGS), et rendue publique ce 18 juillet. Ces masques, plus de 200 sur le marché français, sont surtout utilisés par les cyclistes.
Les données disponibles sont insuffisantes pour attester d'un bénéfice sanitaire lié au port de ces dispositifs par le grand public, conclut le comité d'experts spécialisés (CES).
L'efficacité d'un masque testé en laboratoire - même si elle s'avère élevée - ne reflète pas son efficacité en conditions réelles d'utilisation par la population, « réduite voire nulle », lit-on dans l'avis. La performance des masques diminue dès qu'ils sont mal ajustés sur le visage, mal entretenus, ou lorsque l'utilisateur est mal informé ou pratique une activité intense. En outre la plupart des masques sur le marché français sont conçus pour protéger des particules présentes dans l'air ambiant ; mais ne prémunissent pas contre les substances présentes à l'état gazeux. Or la pollution de l'air se caractérise par un mélange complexe de particules et de gaz.
La recherche bibliographique n'a pas non plus permis de conclure à un effet sanitaire bénéfique des masques. Quatre études concernent les professionnels exposés à l'air ambiant en Asie du Sud-Est mais elles sont de faible qualité ou peu concluantes. Trois études sur la population générale, réalisées en Chine, ont été retenues mais leurs résultats ne sont pas généralisables à l'ensemble des masques antipollution, ni à l'ensemble de la population.
Les données sont aussi limitées sur les effets néfastes potentiels du port d'un masque sur la santé ; ces dispositifs semblent occasionner une gêne mais être tolérés chez la majorité des individus.
Les experts de l'ANSES déconseillent donc la promotion de ces masques, en soulignant que le port pourrait même donner un faux sentiment de protection chez l'utilisateur et entraîner des comportements conduisant à une surexposition (par exemple, un cycliste sur des axes à fort trafic). Ils rappellent à ceux qui feraient le choix d'en porter que ces masques doivent être marqués « CE » et assortis d'une notice, et que leur utilisation doit être associée à un comportement limitant l'exposition à la pollution de l'air ambiant.
Réduire les émissions à la source et informer
L'ANSES invite en revanche les pouvoirs publics à réduire à la source les émissions de polluants dans l'air, responsables de l'aggravation des pathologies respiratoires et cardio-vasculaires, et à améliorer l'information de la population et des personnes sensibles sur les comportements à adopter afin de limiter l'exposition quotidienne.
L'ANSES recommande aussi aux autorités d'informer - notamment dans les recommandations aux voyageurs du Haut conseil de la santé publique - les voyageurs et les expatriés des risques sanitaires qu'ils encourent dans certaines régions du monde (concentrées sur une bande s'étirant de l'Afrique de l'Ouest à la Chine) où les niveaux de pollution de l'air ambiant sont particulièrement élevés.
Enfin, les employeurs et acteurs de la prévention doivent se soucier de l'exposition des travailleurs à la pollution, et l'inclure dans leur démarche d'évaluation des risques.
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