Les portes des toilettes d'aéroports constitueraient de puissants vecteurs de transmissions des bactéries multirésistantes, selon un travail mené par les chercheurs de l'hôpital universitaire du Münster, et publié dans « Clinical Microbiology and Infection ».
Frieder Schaumburg et ses collègues déclarent avoir mené leur étude de manière « ingénue » : à chaque fois que l'un d'entre eux prenait l'avion, il avait pour instruction de passer un tampon sur une poignée de porte des toilettes publiques de l'aéroport, afin de récolter des bactéries pour des cultures de laboratoire.
En tout, 400 portes de toilettes ont été ainsi inspectées, dans 136 aéroports de 59 pays. Dans 60 % des cas, il s'agissait de portes de toilettes pour hommes.
Résultats : des staphylocoques dorés étaient présents dans 5,5 % des échantillons, des Stenotrophomonas maltophilia dans 2 %. Enfin, des Acinetobacter baumannii étaient présents dans 1,3 % des échantillons. D'autres types de bactéries ont été trouvés, principalement des entérocoques et des bactéries à gram négatif.
Une souche multirésistante prélevée à Paris
La découverte la plus étonnante est celle d'un staphylocoque doré multirésistant, isolé depuis une poignée de porte de toilette de l'aéroport Charles-de-Gaulle à Paris. Le Dr Schaumburg précise qu'il s’agissait « de la variante de staphylocoque doré multirésistante ST672-MRSA-V (PVL-negative), qui est une souche communautaire émergente, provenant du sous-continent indien, et qui est rarement observée ailleurs. Nos travaux semblent indiquer que cette bactérie a été importée en France. »
Sur les 8 isolats de Stenotrophomonas maltophilia, 2 étaient résistants au triméthoprime et au sulfaméthoxazole. Sur les 5 complexes Acinetobacter baumanii, 2 résistaient au triméthoprime et au sulfaméthoxazole, mais ils étaient tous sensibles aux quinolones et à la gentamycine. Les auteurs précisent cependant ne pas avoir détecté d'autres pathogènes posant des problèmes de santé publique, comme les Pseudomonas aeruginosa ou des entérocoques résistants à la vancomycine ou aux bêta-lactamases à spectre élargi.
Pour les auteurs, cette étude démontre que les aéroports, de par leur forte fréquentation, peuvent servir de porte d'entrée aux bactéries multirésistantes. « L'aéroport London Heathrow voit passer une moyenne de 205 400 voyageurs par jour, et a vu 75 millions de personnes décoller et atterrir en 2015 », citent en exemple les auteurs, pour qui « les scientifiques, les politiciens, les parties prenantes et les leaders d'opinion ne doivent pas jouer au jeu de l'accusation ». Ils précisent : « Toutes les régions d'Europe sont concernées par les résistances bactériennes, qui ne se limitent d'ailleurs pas aux staphylocoques dorés, mais englobent aussi les entérocoques résistants à la vancomycine, les acinetobacter résistantes au carbapenem. »
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