LE PREMIER, « le Val », conjugue secret médical et secret militaire, secret d’État et secret diplomatique. Bien qu’il accueille désormais tout public (les deux tiers de ses patients sont des civils), cet hôpital fleuron du Service de santé des armées (SSA), relève du chef des armées, le président de la République. « Notre politique est constante, indique-t-on au bureau communication et information du SSA, nous ne communiquons pas d’information sur les patients et, d’ailleurs, il n’existe pas de poste de directeur de la communication. » Une absence unique en France, où les directeurs de la com’ sont apparus dans les années 1980. « Les journalistes se plaignent volontiers de cette politique du secret, observe le Pr Humbert Boisseaux, chef de service psychiatrie du Val, mais ils l’apprécient lorsqu’ils viennent consulter ici à titre personnel. »
Les malades qui nous gouvernent sont admis dans l’établissement non par l’entrée principale, boulevard de Port-Royal, mais par la discrète rue Saint-Jacques, réservée aux chefs d’État et ministres qui n’empruntent pas le hall d’accueil. Quand François Mitterrand doit passer une scintigraphie osseuse et une urographie en urgence en novembre 1981, c’est sous le pseudonyme d’Albert Blot qu’il est admis. Sept ans après la mort de Georges Pompidou, la santé du président est plus que jamais un secret d’État que les généraux du Val préservent. De même, en septembre 2005, après un accident vasculaire cérébral, Jacques Chirac sera hospitalisé ici sans que soit prévenu ni son Premier ministre, Dominique de Villepin ni le ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy. Et quand celui-ci, devenu président, devra subir une incision pour un phlegmon de la gorge, en octobre 2007, c’est bien sûr au Val qu’il sera admis, toujours dans un secret absolu. Deux ans plus tard son hospitalisation après un malaise vagal sera, elle, rendue publique, le malaise étant survenu sur la voie publique, en présence de plusieurs témoins.
Évidemment, le Val de Grâce a une importante file active de chefs d’État et de ministres étrangers, tel l’Algérien Abdelaziz Bouteflika, de même que cet autre hôpital militaire, Percy (Clamart), choisi pour Yasser Arafat, par exemple, tant il est vrai que le rapport des gouvernants à la maladie et à la mort mérite un soin tout à la fois médical et militaire.
Le dirigeant palestinien avait aussi été soigné dans cet autre établissement champion du secret qu’est l’hôpital américain de Paris (AHP), à Neuilly-sur-Seine. Les 200 lits de cet établissement privé à but non lucratif sont fréquentés par les célébrités françaises et internationales. Directrice de la com’, Thuy-Tien Couty, ancienne des Hôpitaux civils de Lyon, assure que « le devoir de confidentialité n’est pas mieux appliqué ici qu’ailleurs ». À ceci près que, comme au Val, les journalistes ne sont pas admis dans l’établissement. Et quand bien même les patients désirent communiquer avec les médias sur leur état de santé, c’est à l’extérieur de l’enceinte qu’ils sont priés de répondre aux journalistes. Ainsi, c’est devant les grilles que l’animateur télé Jean-Luc Delarue tiendra une conférence de presse en 2011, pour annoncer qu’il souffre d’un cancer.
Si le HAP met en avant l’excellence de ses praticiens et de son plateau technique, avec une accréditation qualité américaine à la clé, pour justifier de sa réputation, le secret n’est pas le moindre de ses arguments pour attirer tant de célébrité : les « people », français et étrangers, Rock Hudson, Michael Jackson, Barbara, Johnny Hallyday, Adriana Karambeu, Nathalie Baye, Marion Cotillard, Vanessa Paradis, Mimie Mathy ou Philippe Starck ; les hommes d’affaires, Aristote Onassis, Michel David-Weill, Bernard Arnault, Vincent Bolloré, Serge Dassault, Liliane Bettencourt ; les chefs d’État étrangers, le cheikh d’Oman, le colonel Kadhafi, tant de leaders africains. Sans oublier les politiques, Charles Pasqua, Valérie Pécresse et à l’occasion, François Mitterrand.
Les membres de ce Who’s Who de la santé se voient proposer une procédure Alias, pour « avoir la paix », selon la formule d’un habitué : leur présence est alors tenue secrète, avec un pseudonyme. Mais, précise Thuy-Tien Couty, « leur identité est enregistrée pour leur dossier médical ». Et, subsidiairement, pour la comptabilité.
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