La très grande majorité des médecins généralistes de PACA (92 %) est favorable à l’obligation vaccinale et 24 % sont même en faveur de l’élargissement de la liste des vaccins obligatoires. Telles sont, entre autres conclusions, celles d'une enquête menée par l'Observatoire régional de la santé Provence-Alpes-Côte d’Azur (ORS PACA) et présentée ce mardi 26 juillet par Santé publique France. Celle-ci fait suite aux rapports de mission parlementaire et du Haut Conseil de la santé publique (HCSP) relatifs à l'érosion de la confiance du public dans la vaccination et se pose en préalable du futur débat sur la vaccination annoncé en janvier dernier par Marisol Touraine. Même s’« il convient d’être prudent quant à l’extrapolation de ces résultats issus d’un échantillon régional à tous les MG de France », mettent en garde ses auteurs.
L'étude, réalisée auprès de 440 médecins généralistes (MG) en 2015, a sondé leur opinion sur l'obligation vaccinale, sur la coexistence de vaccins obligatoires et recommandés et leur acceptabilité par le public et les professionnels de santé.
Mauvaise perception de la coexistence de vaccins obligatoires et recommandés
Début 2015, seuls 24 % des MG de PACA avaient eu connaissance de l’avis du HCSP publié en septembre 2014 quant aux régimes des vaccins du calendrier, commence-t-elle par rapporter. Parmi les 92 % des participants favorables à l’obligation vaccinale, 44 % le sont pour la totalité des vaccins du calendrier et 48 % pour certains seulement. Parmi ceux en faveur d'une extension de cette obligation, plus de 9 sur 10 étaient favorables à l’extension de l’obligation aux vaccins contre la coqueluche, l’Haemophilus influenzae de type b et au ROR chez les nourrissons et les adolescents ou jeunes adultes. Seuls 5 % des MG pensaient qu’il faudrait permettre des exemptions, par exemple religieuses ou philosophiques, pour les vaccins obligatoires chez l’enfant.
L'étude met cependant au jour les difficultés perçues en raison de la coexistence de vaccins obligatoires et recommandés. En PACA, 33 % des MG interrogés ont déclaré rencontrer des difficultés pour expliquer aux familles pourquoi certains vaccins sont obligatoires et d’autres recommandés ; 31 % des MG considèrent cette coexistence au sein du vaccin hexavalent comme une difficulté pour convaincre les familles de réaliser cette vaccination et s’accompagne également, pour 39 % des participants, d’idées erronées sur leur importance relative.
Inquiétude face à l'hypothèse de la levée de l'obligation vaccinale
Dans l’hypothèse d’une levée de l’obligation vaccinale concernant la vaccination contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite dans la petite enfance, 83 % des MG interrogés ont déclaré que cela risquerait d’entraîner une diminution de la couverture vaccinale (risque perçu assez important : 36 % ; très important : 47 %). Toujours dans cette hypothèse, 81 % ont déclaré qu’ils adopteraient un comportement proactif en insistant auprès des parents sur l’importance de continuer à vacciner tous les enfants contre ces trois maladies, alors que 18 % ont déclaré qu’ils resteraient neutres, en leur conseillant la vaccination tout en leur laissant la possibilité de ne pas la faire (moins de 1 % la leur déconseillerait).
Quant à l’importance relative des vaccins recommandés et obligatoires, à la question « D’après vous, les vaccins recommandés sont-ils moins prioritaires que les vaccins obligatoires ? », 39 % des MG ont répondu favorablement (11,4 % « oui » et 27,2 % « plutôt oui »). Enfin, concernant la vaccination contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite, 13 % des MG ont rapporté rencontrer « souvent » ou « toujours » des parents hésitants quant à l’intérêt et aux risques de ce vaccin, 64 % « parfois » et 23 % « jamais ».
Un manque de formation évoqué
Globalement, ces principaux résultats rejoignent ceux de la précédente enquête sur le sujet, l'enquête Nicolle. Ces nouveaux résultats sont pratiquement similaires à ceux de 2006 (81,1 % adopteraient un comportement proactif dans notre enquête versus 83,3 % dans l’enquête Nicolle). Cependant, les MG de PACA semblent davantage enclins à laisser la possibilité à leurs patients de ne pas faire cette vaccination tout en la recommandant (18,2 % dans notre enquête versus 14,9 % dans l’enquête Nicolle). Globalement, les MG français font face à une part non négligeable de parents défavorables à la vaccination en général.
Les MG apparaissent dans ce contexte plus enclins à l’élargissement de la liste des vaccins obligatoires. Cette obligation étant perçue, par une partie d'entre eux, comme un soutien dans leurs pratiques leur facilitant la tâche pour convaincre les parents de vacciner leurs enfants. Près de 40 % des MG de PACA estiment toutefois que les vaccins recommandés sont moins prioritaires que les vaccins obligatoires. résultat que les auteurs estiment « préoccupant ». « Cela corrobore l’idée que cette coexistence de régimes est source d’incompréhension tant pour la population générale que pour les professionnels de santé », souligne l'étude, évoquant aussi « un manque de formation des médecins dans le domaine de la vaccination ».
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