LES CHIFFRES tous récents de 2011 montrent combien les besoins sont grands, malgré les progrès réalisés : alors que 16 000 personnes ont eu besoin d’une greffe, 4 945 greffes d’organes ont été réalisées (4 728 en 2010). « Il faut changer la vision de la greffe : il ne s’agit plus aujourd’hui d’une thérapeutique d’excellence, d’une activité isolée », estime Emmanuelle Prada-Bordenave, chargée, en tant que directrice de l’Agence de la biomédecine (ABM), de mettre en musique le plan greffe 2012-2016 avec tous les acteurs du système de santé. Les agences régionales de santé (ARS), les directions hospitalières, les professionnels de santé (de ville également), les associations de patients : tous doivent concourir à inscrire la greffe « dans une trajectoire, un parcours de soins qui couvre l’amont de la greffe, la greffe proprement dite et l’aval de la greffe avec le suivi des patients greffés », un suivi qui concerne aujourd’hui 40 000 porteurs d’un greffon fonctionnel. Le plan gouvernemental, préparé depuis de longs mois, « était attendu et correspond à nos attentes », indique le Pr Michèle Kessler, néphrologue au CHU de Nancy. Il consiste avant tout à développer les greffes d’organes à partir de donneurs décédés, le « gros de la troupe des donneurs », confirme le Dr Alain Atinault, à la direction opérationnelle du prélèvement et de la greffe de l’ABM. Bien sûr, le nombre de patients « cérébro-lésés susceptibles de décéder en état de mort encéphalique » est en diminution. Toutefois, Emmanuelle Prada-Bordenave n’en démord pas : ils ne sont pas tous recensés. L’amélioration du recensement passe notamment par le renforcement de la formation des professionnels de santé et plus spécifiquement des urgentistes, réanimateurs, et médecins coordonnateurs. L’Agence de la biomédecine souhaite également enrôler un plus grand nombre d’établissements dans la mise en place d’un nouvel outil d’analyse, le « Cristal action », qui permet de recenser les donneurs potentiels. Sur 183 établissements autorisés au prélèvement, seuls 84 l’ont adopté. Ce programme a pourtant montré son efficacité « avec 30 % d’augmentation de donneurs recensés », indique le Dr Atinault.
Don entre vifs.
La loi bioéthique révisée en juillet, qui élargit le don de rein entre vifs aux personnes ayant « un lien affectif étroit et stable d’une durée d’au moins deux ans », ouvre également de nouvelles perspectives. S’agissant du don croisé, également autorisé, les décrets d’application sont toujours attendus mais devraient paraître dans le courant de cette année, croit savoir Emmanuelle Prada-Bordenave. Développer la greffe rénale à partir de donneurs vivants demande un engagement fort, comme le raconte le Pr Michèle Kessler : cette année, à Nancy, l’activité de greffe rénale sur donneur vivant a atteint les 25 % et « je suis certaine qu’on peut arriver à 30 % en France » alors qu’elle ne représente que 10 % des greffes actuellement. Cela passe essentiellement par l’information des professionnels de santé (médecins et infirmiers), des patients insuffisants rénaux et de leur entourage. En amont, l’accès à la liste des patients en attente de greffe doit être envisagé suffisamment tôt. « La greffe peut être faite avant la case finale. La case dialyse n’est pas obligatoire », insiste le Pr Kessler. En aval, le suivi des patients doit pouvoir être délégué en partie aux néphrologues de ville, préalablement formé. Grâce à un réseau régional de suivi des patients « nous avons divisé par deux le nombre de consultation au CHU : ça donne de l’oxygène aux centres de transplantation », se félicite la néphrologue.
Pour Emmanuelle Prada-Bordenave, ce plan ne nécessite pas de financement supplémentaire. « En théorie, la greffe et le prélèvement sont des activités bien financées » sauf que l’argent (ou le personnel)attribué à l’établissement par l’ARS n’arrive pas toujours dans le service. « Il y a eu de l’évaporation en chemin », regrette la directrice de l’ABM qui prône une meilleure implication des directions d’hôpitaux et un rééquilibrage de leurs priorités stratégiques.
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