LE BRAS DE FER entre les internes et le gouvernement met en danger le fonctionnement des hôpitaux israéliens. Plus de 700 internes protestent depuis plusieurs semaines, pour l’amélioration de leurs conditions de travail. Lundi 10 octobre, 387 d’entre eux, qui avaient envoyé le mois dernier leur lettre de démission, ont mis leur menace en application et ne se sont pas présentés dans leurs services. Mardi, ce sont plus de 500 jeunes médecins qui manquaient à l’appel. « D’ici peu, nous ne pourrons plus soigner des milliers de personnes, dont certaines se trouveront dans un état grave », a alerté Pinny Halperin, responsable de l’unité d’urgence au centre hospitalier de Tel Aviv.
Les opérations non urgentes ont été reportées dans plusieurs établissements et les patients qui n’ont pas pu recevoir les soins adéquats dans les hôpitaux centre du pays, plus touché par la vague de démissions d’internes, ont été transférés dans d’autres structures. Au Centre médical Rambam de Haifa, dans le nord d’Israël, il a été décidé de ne plus accepter les femmes enceintes en salle de naissance si elles n’étaient pas sur le point d’accoucher immédiatement, mais de les diriger vers d’autres hôpitaux de la ville. « Le Trésor a mis les internes au pied du mur. Les gens ne comprennent pas la gravité du problème », a prévenu Doron Norman, médecin à Rambam, avertissant que cette crise, si elle dure, provoquerait « des décès ». Pour faire face, des médecins spécialistes ont été sommés de rejoindre les urgences, où certains n’avaient plus pratiqué depuis plusieurs dizaines d’années.
Démission collective...pas valide.
Selon le directeur général du ministère de la Santé, le Professeur Ronni Gamzu, qui a visité sept des hôpitaux affectés par le mouvement social , les urgences fonctionnent encore correctement. Il s’inquiète en revanche pour les services pédiatriques, orthopédiques, de chirurgie et de gynécologie, qui sont les premiers à souffrir du manque de personnel.
Pour tenter de couper court au plus vite à une mobilisation qui déstabilise profondément le système de santé, le gouvernement a saisi le conseil des prud’hommes, qui, mercredi, veille des vacances de Soukkot en Israël, a enjoint les centaines d’internes qui avaient démissionné à regagner leurs postes, au motif qu’une démission collective n’était pas valide. L’effet de cette décision pourra être mesuré après les fêtes, mais certains des jeunes médecins avaient déjà mis en garde les autorités, affirmant qu’ils n’honoreraient aucune injonction.
Parallèlement à cette action contraignante, le gouvernement tente de relancer les négociations, aujourd’hui au point mort, avec les représentants des internes et le syndicat des médecins IMA (Israel Medical Association). Le malaise est profond entre les partenaires. Le 26 août dernier, à l’issue de plusieurs mois de négociations ponctuées de nombreuses grèves, le Trésor et l’IMA, censé représenter l’ensemble des médecins, ont signé un accord structurant pour le service public hospitalier, malgré l’opposition des internes qui n’ont pas été consultés. Ce texte, dont l’application doit s’étaler sur les neuf prochaines années, prévoit une hausse des salaires de 49 % en moyenne ; les internes acceptant de s’installer en périphérie, par exemple en Galilée ou dans la région du Néguev, pouvant bénéficier d’augmentations plus importantes. La hausse est substantielle mais très progressive et les internes partent de très bas, avec un salaire horaire de 27 shekels (5,30 euros).
Un nombre d’heures de travail déraisonnable.
Surtout, les internes n’ont pas obtenu l’allégement de leurs horaires. Ils doivent encore assurer six permanences de 24 heures par mois, et souvent davantage en raison du manque de personnel. Les jeunes médecins en cours de spécialisation réclament donc aujourd’hui des hausses de salaires, ou tout au moins de raccourcir de moitié la durée d’application de l’accord salarial signé en août, et une réduction du nombre de leurs gardes. « Le fond du problème, c’est qu’il n’y a pas suffisamment de postes d’internes dans les hôpitaux. Même lorsqu’ils ont terminé leur internat, les jeunes médecins doivent encore travailler un nombre d’heures qui n’est pas raisonnable. Ce n’est pas nouveau, mais la nouvelle génération a décidé de ne plus accepter la situation actuelle », décrypte Barbara Swirski, de l’institut d’analyse des politiques sociales Adva Center.
Le Premier ministre, Benjamin Netanyahou, qui détient également le portefeuille de la Santé, n’a pris la mesure du conflit qu’il y a quelques jours, lorsque les internes n’ont pas pris leur service à l’hôpital. Son ministre des Finances, Yuval Steinitz, a bousculé les contestataires, les accusant d’adopter un comportement « non juif et non éthique », et déclarant que « la plupart des spécialistes avec 20 ans d’expérience gagnent plus que le Premier ministre, sans compter leur activité libérale ». Si le gouvernement renâcle à renégocier l’accord avec le syndicat des médecins obtenu de haute lutte à la fin du mois d’août, le ministre évoque, pour améliorer ce texte, des « solutions créatives incluant un effort financier ».
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