DEVANT les médias, Michel Polnareff, 66 ans, s’est félicité d’avoir mis son fils au monde, sans aide médicale puisque la sage-femme était arrivée trop tard. En France, l’hôpital reste le lieu préféré d’accouchement, suivi de la clinique, alors que seulement 2 % des femmes enceintes préféreraient accoucher chez elles, selon une récente enquête du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) et du Collège national des sages-femmes.
Sur les 850 000 naissances enregistrées chaque année en France, « à peu près 1 000 à 1500, se passent à domicile », dont une part de façon non programmée, indique Marie-Josée Keller, présidente de l’Ordre des sages-femmes. Seules quelques dizaines de sages-femmes libérales pratiquent des accouchements à domicile en France, précise Frédérique Teurnier, présidente du Collège des sages-femmes. « Elles ne sont pas couvertes au niveau assurance, donc c’est une prise de risque pour tout le monde », ajoute-t-elle.
Cette pratique, qui reste « très confidentielle » n’est pas recommandée « car elle n’est pas dénuée de risque », commente Francis Puech, président du CNGOF. « Quand tout se passe bien, c’est parfait. Mais on n’est pas à l’abri d’un problème, pour le bébé surtout ». Pour la mère, c’est le risque hémorragique qui est le plus redouté. Les hémorragies du post-partum restent la première cause de mortalité devant les embolies amniotiques. Viennent ensuite l’hypertension, la maladie thrombo-embolique, les infections, les complications anesthésiques.
Dans un rapport sur la « Mortalité maternelle et mortalité périnatale des enfants nés à terme en France », l’Académie de médecine rappellait, en novembre dernier, que 463 morts maternelles avaient été recensées en métropole et dans les départements d’Outre-Mer entre 2001 et 2006 (dont 50 % jugées évitables par le Comité national d’experts de la mortalité maternelle). « Même si ces chiffres ne sont pas comparables à d’autres causes de mortalité (ex. circulation routière) et qu’ils ont sensiblement baissé depuis 1996, le caractère dramatique des situations engendrées et la faible régression des morts évitables durant la même période représentent toujours un réel motif de préoccupation en 2010 », indiquaient les auteurs.
Les maisons de naissance censurées.
Si les sages-femmes ne prônent pas l’accouchement à domicile, elles remarquent toutefois l’apparition, dans la population française, d’un courant qui va vers un accouchement physiologique, plus naturel. Près de 80 % des femmes accouchent sous anesthésie péridurale en France, selon une étude de l’INSERM de 2008. Pour ces professionnelles, la censure, le 16 décembre dernier, par le Conseil constitutionnel, d’un article de loi prévoyant l’expérimentation de maisons de naissances est une « très grosse déception ». « C’est une erreur, parce qu’aujourd’hui le seul choix qu’ont les femmes qui veulent vraiment un accouchement physiologique, c’est d’accoucher à domicile. On en arrive à des extrémités qui mettent les gens en danger », estime Frédérique Teurnier. L’alternative des maisons de naissances, soutenue par l’ancienne ministre de la Santé Roselyne Bachelot, devait permettre aux femmes (pour les grossesses dites à bas risque) d’accoucher sous la responsabilité exclusive de sages-femmes libérales dans un environnement non médicalisé mais attenant à un service de gynécologie obstétrique.
L’Académie de médecine s’était toutefois montrée réservée face à ces maisons de naissance et pointait deux « problèmes majeurs » dont l’absence de toute hospitalisation. « La sortie immédiate, dans les heures qui suivent la naissance, peut générer des conséquences très graves tant pour la mère avec le risque retardé d’une hémorragie du post-partum que pour l’enfant, les premiers jours ayant une importance capitale », indiquait l’Académie. Second problème : la difficulté de déterminer la responsabilité médicale et assurantielle des acteurs concernés, en cas de transfert vers le service de gynécologie obstétrique. Cependant, pour répondre à l’attente des femmes, l’Académie suggérait d’encourager le développement « d’espaces physiologiques » dans les services de gynécologie-obstétrique, de favoriser l’accès de sages femmes libérales au plateau technique des cliniques privées et de renforcer les effectifs de sages femmes hospitalières. Depuis quelques années, les maternités se sont efforcées de permettre un accouchement « plus personnalisé, à l’écoute des mamans », juge le Pr Francis Puech. « Mais il n’y a pas encore eu les transformations suffisantes », reconnaît-il.
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