PARMI LES « 110 PROPOSITIONS » qui constituaient en 1981 le programme électoral du candidat Mitterrand figurait la création d’un « service communautaire de la santé » avec des « centres de santé intégrés » fournissant des soins primaires à la population, en tiers payant généralisé. Le projet socialiste préconisait aussi la suppression de l’Ordre des médecins, une vaste réforme hospitalière et la nationalisation de l’industrie pharmaceutique.
Le 10 mai, tandis que les médecins « de gauche » jubilent à l’idée du changement, l’ambiance est morose, voire franchement inquiète chez les autres, qui voient dans les centres de santé intégrés (CSI) une menace directe contre l’exercice libéral. Les 14 et 21 juin, les élections législatives anticipées portent une « vague rose » à l’Assemblée nationale, suivie le 25 par la constitution d’un gouvernement d’union de la gauche comprenant quatre ministres communistes, dont Jack Ralite à la Santé. Sa nomination sème la stupeur chez nombre de médecins, d’autant que le nouveau ministre s’est juré de supprimer les secteurs privés à l’hôpital public, qu’il entend profondément réformer.
Opposition farouche.
Après une phase d’observation, les relations avec la plupart des syndicats médicaux vont très vite se dégrader. Seul le Syndicat national des médecins de groupe estime que les CSI peuvent constituer une réponse intéressante à l’organisation des soins. Les autres centrales, CSMF en tête, y voient l’avènement d’une médecine publique et considèrent que si ces centres sont bien adaptés aux pays en voie de développement, ils n’ont pas leur place en France. L’opposition farouche de la grande majorité du corps médical bloquera leur développement, avant qu’ils ne renaissent timidement sous la forme de « maisons médicalisées », mais avec un mode de gestion essentiellement libéral. Ces héritières indirectes des CSI seront stimulées notamment par les problèmes de démographie et de permanence des soins, inconnus au début des années quatre-vingt.
À l’hôpital, les conflits autour des secteurs privés empoisonneront longtemps l’atmosphère, d’autant que le gouvernement remplace au même moment les anciens prix de journée par des budgets globaux beaucoup plus rigoureux. Les services privés, de même que les chefferies de services, seront effectivement supprimés en 1984… mais rétablis dès 1987 après le retour de la droite aux affaires.
Brillant orateur et homme de théâtre, mais peu rompu à la vie hospitalière et médicale, Jack Ralite ne ménagera pas sa peine pour aller au-devant des professionnels expliquer sa politique. Tous ceux qui l’ont entendu se souviennent de sa verve et de son panache. Mais il n’obtiendra jamais l’adhésion du corps médical, et ne laissera guère de regrets lors qu’il quittera le gouvernement en juillet 1984, avec ses trois collègues communistes, pour protester contre le « virage à droite » du parti socialiste.
Les premiers pas de la rigueur.
Paradoxalement, les premières années du premier septennat de François Mitterrand sont aussi celles de l’apprentissage de la rigueur en matière de dépenses de santé : si la ministre de la Solidarité nationale, Nicole Questiaux, jure en juin 1981 qu’elle « ne sera pas le ministre des comptes », l’augmentation rapide des dépenses de santé amène très vite le gouvernement Mauroy à prendre des mesures d’économie, sous la houlette de Pierre Bérégovoy. La baisse de remboursements des « vignettes bleues » est décidée fin 1982, et le « forfait hospitalier » (alors fixé à 20 francs par jour) est institué en avril 1983. La période sera marquée par de nombreux autres plans d’économie, sur fond de relations houleuses avec les médecins, notamment en matière de convention médicale et d’honoraires. Ceux-ci descendront dans la rue à plusieurs reprises, tant pour des motifs précis que pour défendre la médecine et les professions libérales.
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