Il existe un paradoxe français en matière de laïcité, démontre le Dr Georgia Malamut, hépato-gastro-entérologue à l’Hôpital européen Georges Pompidou, dans un mémoire rédigé dans le cadre de son diplôme inter-universitaire de pédagogie médicale.
Grâce à la circulaire de 2005 sur les établissements de santé, les chartes de la personne hospitalisée de 2006 et de la laïcité dans les services publics d’avril 2007 et la loi d’interdiction du port du voile intégral dans les espaces publics de 2010, le législateur a dessiné très finement le champ d’application de la laïcité à l’hôpital public. Pourtant, les médecins restent démunis, alors que le foisonnement des communautés et cultures rend plus que jamais essentiels les repères dans la relation médecin-patient.
Le Dr Malamut a soumis un questionnaire à 50 étudiants de médecine de l’Université Paris-Descartes, et 50 praticiens hospitaliers. Seulement 2 % des premiers et 4 % des seconds déclarent avoir reçu un enseignement sur la laïcité.
Leur taux de bonne réponse aux questions sur la législation est de 60 %. Les médecins se distinguent surtout par une bonne connaissance (pour 84 % des étudiants et 86 % des praticiens) de l’interdiction du port d’insignes religieux par les agents et de la possibilité pour les patients de porter plainte si cette loi est bafouée (88 % des étudiants, 98 % des médecins). Ils sont beaucoup moins conscients (56 % pour les premiers, 49 % pour les seconds) de la possibilité pour les agents du public de bénéficier d’autorisation d’absence pour raison religieuse.
Un enseignement dans les études médicales
« Il y a une confusion entre l’interdiction de porter des signes religieux et la liberté de conscience », explique au « Quotidien »le Dr Malamut.
Au sujet des droits des usagers, les médecins savent qu’ils peuvent pratiquer leur religion à l’hôpital mais sont plus flottants sur les limites de cette liberté, à commencer par le bon déroulement des soins, signalé par moins de la moitié des médecins (46 %). L’interdiction du prosélytisme et la possibilité de vérifier l’identité du patient sont aussi méconnues.
Si les médecins savent qu’en urgence, ils ne peuvent être récusés par un malade pour motif religieux, ils sont peu nombreux, surtout chez les praticiens (31 %) à connaître les différences entre structures privées et publiques en terme de laïcité.
« Alors qu’il n’y a pas d’enseignement théorique et pratique de ces sujets, cette enquête met en lumière la pertinence qu’il y aurait à introduire un enseignement sur la laïcité dans les études médicales (par exemple, une étude commentée de la charte) », commente le Dr Malamut. Une nécessité d’autant plus urgente que la pratique clinique hospitalière n’enrichit pas la connaissance des médecins sur ces sujets. 70 % des étudiants et 64 % des praticiens souhaiteraient bénéficier d’un tel enseignement.
Lancet 1er mars 2014, vol. 383
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