« NE NOUS PLACEZ PAS dans la situation de délinquants, la majorité des médecins ne connaissent pas la fraude ! ». Face aux députés Pierre Morange (UMP) et Jean Mallot (SRC), le Dr Michel Combier, président de l’Union nationale des omnipraticiens français (UNOF-CSMF) a donné le ton et installé une ambiance tendue lors de l’audition des syndicats sur la fraude sociale. D’autres leaders, blessés par l’amalgame sous jacent entre exercice libéral et fraude, ont entretenu cette tension. Comme Roger Rua, secrétaire général du SML : « De grâce, ne nous faîtes pas porter le chapeau ! ».
Si les syndicalistes reconnaissent que, « comme dans toute profession il y a des abus », selon les mots du Dr Rua, et que ceux-ci doivent être sanctionnés, il faut se garder de généraliser. « Nous devons distinguer deux types d’abus : la délinquance qui mérite le tribunal, et les situations limites », comme les arrêts de travail ou la prescription hors AMM, estime le Dr Claude Bronner, coprésident d’Union Généraliste (UG). « On ne peut pas faire de médecine en France aujourd’hui, sans prescrire hors AMM et une règle qui interdirait toute prescription hors AMM est inapplicable », précise-t-il, évoquant l’affaire du Mediator. Quant aux arrêts de travail, objet de vifs échanges entre médecins et députés, « on vit très mal les accusations, dénonce le Dr Bronner, tous nos patients ne partent pas au ski lorsqu’on signe un arrêt, en revanche nous sommes le dernier amortisseur de la société ». Un sentiment partagé par ses collègues : « Qu’appelle-t-on fraude ? Est-ce prescrire des médicaments pour le reste de la famille ? Répondre à la souffrance sociale ? », s’interroge le Dr Combier.
Face à ces cas ambigus, les médecins ont souligné la lourdeur des contrôles. « Tous les moyens de lutte existent, s’exclame Roger Rua, il y a l’assurance-maladie, l’Ordre, la Cour des comptes… Faut-il rajouter une Haute autorité ? » Non, répondent les médecins libéraux. « Nous sommes plus transparents que les hôpitaux ! », s’offusque Dr Djamel Dib, président des spécialistes de la FMF.
Attention aux mesures vexatoires
Que faudrait-il faire pour combattre les actes frauduleux ? Les syndicats bottent en touche. « Nous sommes tous d’accord pour lutter contre la fraude, mais il ne faut pas que les mesures désespèrent notre profession », résume Pascal Lamy, secrétaire général d’UG. « Simplifier nous la vie, messieurs les députés », ajoute Jean-Paul Hamon (FMF), pointant du doigt des mesures qui, selon lui, loin de clarifier les comptes, placent des bâtons dans les roues des généralistes. L’ordonnance bi-zone ? « Nous ne sommes pas contre une bonne prescription, mais nous nous sentons harcelés quand nous recevons un courrier de l’assurance-maladie signalant que nous avons placé en haut en médicament qui aurait dû être en bas ! », explique Jean-Claude Régi, président de la FMF. Le DMP ? « il faut l’oublier comme une solution à ces problèmes, c’est simplement un moyen d’améliorer les soins », tranche Claude Bronner. La photo sur la carte Vitale ? « Elle ne réglera rien, nous ne sommes pas des officiers de police ! », s’exclame le Dr Combier, rejoint dans ses propos par François Wilthien, vice-président de MG France : « La pratique médicale ne doit pas être identitaire ».
Vers un plan Maladies rénales ? Le think tank UC2m met en avant le dépistage précoce
La prescription d’antibiotiques en ville se stabilise
Le Parlement adopte une loi sur le repérage des troubles du neurodéveloppement
Chirurgie : les protocoles de lutte contre l’antibiorésistance restent mal appliqués, regrette l’Académie