Ce serait un progrès en pédiatrie générale. Le traitement d'une otite moyenne aiguë (OMA) pourrait bientôt se simplifier au maximum avec une application unique d'un gel auriculaire, proposent des chercheurs du Boston Children's Hospital.
Dans une étude préclinique publiée dans « Science Translational Medicine », les scientifiques de Harvard expliquent avoir mis au point un hydrogel d'antibiotique capable de diffuser lentement sur 1 semaine à travers la membrane tympanique. Une application unique s'est révélée extrêmement efficace pour traiter des OMA à Hæmophilus influenzae chez le chinchilla.
In fine, cette avancée thérapeutique devrait s'accompagner d'une diminution des otites résistantes, qui sont aujourd'hui favorisées par un traitement incomplet et des épisodes infectieux récurrents. Le traitement oral de 5 ou 7 jours est souvent arrêté trop tôt par les parents, car les enfants vont rapidement mieux au bout de 2 ou 3 jours.
Le tympan étant normalement imperméable, l'ofloxacine en solution auriculaire est aujourd'hui réservé à certaines indications précises : otites sur aérateurs transtympaniques et sur cavités d'évidement, otites chroniques à tympan ouvert.
Une diffusion lente à travers le tympan
Administré dans le canal auriculaire, l'hydrogel se solidifie rapidement et reste en place, laissant l'antibiotique diffuser graduellement à travers le tympan dans l'oreille moyenne. « Notre technologie permet un passage transtympanique, qui en temps normal n'est pas possible, et en quantité suffisante pour traiter », explique Daniel Kohane, l'auteur principal.
La clef de l'innovation technologique repose sur l'utilisation de composés dont la structure lipidique est proche de celle de la membrane externe du tympan. Ces composés (« chemical permeation enhancers » en anglais) s'insèrent dans la membrane et ouvrent des pores moléculaires, à travers lesquels peut passer l'antibiotique.
Une innovation soutenue aux États-Unis
La tolérance devrait être globalement améliorée en raison d'une diffusion limitée à l'oreille moyenne. Alors que le traitement antibiotique oral nécessite des doses élevées pour pénétrer jusqu'à l'oreille, il entraîne fréquemment des effets secondaires de type diarrhées, muguets et rashs.
Dans l'étude, aucun effet systémique n'a été observé avec le gel. Une légère perte auditive, comparable à celle d'un bouchon de cérumen d'après les auteurs, peut se produire si la quantité de produit est trop importante. Au bout de trois semaines, l'hydrogel est complètement éliminé du conduit auditif.
Grâce à l'obtention récente d'une subvention publique sur 5 ans par les National Institutes of Health (NIH), l'équipe de Boston a le projet de lancer une étude clinique dans les mois à venir, où une attention particulière sera accordée à de potentiels effets sur l'audition.
Vers un plan Maladies rénales ? Le think tank UC2m met en avant le dépistage précoce
La prescription d’antibiotiques en ville se stabilise
Le Parlement adopte une loi sur le repérage des troubles du neurodéveloppement
Chirurgie : les protocoles de lutte contre l’antibiorésistance restent mal appliqués, regrette l’Académie