IL Y A À PEINE vingt ans, le sujet était complètement tabou. « Pendant trop longtemps, nous, professionnels de santé, avons considéré l’excision et l’infibulation comme des pratiques coutumières qu’il importait de respecter », se souviennent Henri-Jean Philippe, président de GSF, et Francis Puech, à la tête du CNGOF. Les choses changent lentement. « Aujourd’hui, ces situations restent fort méconnues », déplore Richard Matis, gynécologue-obstétricien du groupe hospitalier de l’Institut catholique de Lille, et vice-président de GSF.
En France, on estime en effet que vivent entre 45 000 et 65 000 femmes et enfants mutilées ou menacées de l’être, principalement dans les régions denses (Île-de-France, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Nord…). Ces femmes viennent principalement d’Afrique subsaharienne, mais également d’Inde ou d’Indonésie. Et elles maintiennent des liens forts avec leur communauté, précise Richard Matis. « Cela exige des professionnels une sensibilisation particulière afin qu’ils puissent ouvrir un dialogue, sinon personne ne le fera ». Au-delà du premier contact, une formation est également nécessaire, selon le vice-président de GSF : « En dehors des formes extrêmes, comme l’ablation des parties génitales, les excisions ne sont pas évidentes à diagnostiquer si on n’y pense pas. » Pour le gynécologue, « penser aux mutilations sexuelles doit devenir un réflexe, comme pour une pathologie ».
Mais le Dr Matis constate que beaucoup reste à faire parmi les professionnels. « Les sages-femmes se montrent très attentives, mais certains gynécologues, plus âgés, sont dubitatifs et nous répondent : cela fait 25 ans que je travaille, je n’en ai jamais vu ! » Depuis 2006, une dizaine de centres d’accueil et de prise en charge des femmes victimes de mutilations sexuelles se sont ouverts en France, sur une impulsion du ministère de la Santé. Des gestes ont été faits, comme le remboursement d’opérations de chirurgie réparatrice. « Mais c’est encore insuffisant pour toucher toutes les femmes concernées : la prochaine étape est la sensibilisation du personnel des écoles et des travailleurs sociaux », souligne Richard Matis. Pour les professionnels de la santé, l’ouvrage « le Praticien face aux mutilations sexuelles féminines », édité par GSF et le ministère de la Santé, est disponible sur le site de l’association (http://www.gynsf.org/).
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