PÉNURIE. LE MOT EST LÂCHÉ. La grève des raffineries Total, en réplique à la fermeture de l’usine des Flandres à Dunkerque, ne laisse pas le monde de la santé indifférent. D’autant que plusieurs autres groupes -ExxonMobil, BP et Petroplus (ex-Shell) - ont décidé de stopper le travail ou pourraient le faire. Certes, le ministre de l’Énergie, Jean-Louis Borloo, se montre rassurant, indiquant qu’il n’y a « aucun risque de pénurie ». La France ne dispose pourtant plus que d’une semaine de réserve de carburant.
Les discussions entre les dirigeants et les syndicats de Total sont donc suivies attentivement par l’Élysée. Mais le monde de la santé est également curieux de la tournure que pourrait prendre le conflit. « Il est évident qu’une situation de pénurie aurait d’importantes répercussions sur les confrères qui exercent en milieu rural qui n’ont pas d’autre alternative que de prendre la voiture, commente Alain Bergeau, président de la Fédération française des masseurs kinésithérapeutes rééducateurs (FFMKR). Nous avons une forte activité à domicile pour suivre des personnes âgées chroniques qui ne peuvent être amenées en cabinet. Nous ne pouvons pas modifier notre activité. Nous pourrions, pendant un laps de temps limité, diminuer la fréquence de nos interventions pour les cas les moins lourds ». Moins de visites. Ce cas de figure ne pourrait pas s’éterniser. « Si la crise s’envenime, les préfets devront prendre toutes les dispositions pour réquisitionner des stations services pour que les professionnels puissent y accéder », poursuit le Dr Michel Chassang, président du Centre national des professions de santé (CNPS).
Un précédent en 1996.
La situation s’est déjà présentée par le passé. Dernier épisode marquant en date : le conflit social dans les Antilles début 2009. Dans l’Hexagone, un autre mouvement de grève est resté dans les mémoires : celui des transporteurs routiers de novembre 1996. « À Amiens, deux stations avaient été réquisitionnées pour les professionnels de santé, commente Dominique Ringard, président de SOS Médecins, qui exerce en Picardie. Je pense que si la situation se crispe, nous aurons accès à des stations spécifiques comme les pompiers et le SAMU ». Certains professionnels se rappellent également avoir utilisé le "système D" par le passé. « Lors du dernier gros conflit, certaines entreprises de transports sanitaires qui avaient d’énormes citernes nous autorisaient à aller faire notre plein chez eux », se souvient Thierry Schifano, président de la fédération nationale des transporteurs sanitaires (FNTS).
Pour l’heure, les réquisitions ne sont pas à l’ordre du jour. C’est en tout cas ce qu’indique la préfecture de Rhône-Alpes, contactée par le Quotidien. Le ministère de l’Écologie, de l’énergie et du développement durable souligne « la bonne résistance du système logistique aux tensions observées ». « Les prévisions pour les prochains jours ne laissent entrevoir aucune anomalie d’ensemble », précise-t-on chez Jean-Louis Borloo.
Les établissements hospitaliers n’envisagent pas non plus d’avoir de problèmes sur le court ou moyen terme. « Nous disposons d’une semaine de réserve de gasoil et d’essence pleines, commente Paul Castel, directeur général des Hospices civils de Lyon (HCL). Nous disposons d’un dispositif prêt à mettre en place en cas de pénurie. Mais nous en sommes encore loin, il n’y a pas lieu de s’affoler ».
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