LE QUOTIDIEN : Vous avez étudié les programmes santé des sept candidats. Avez-vous noté des similitudes ?
BRUNO CAUTRES : Nous avons un agenda de droite caractéristique avec une base économique commune fondée sur trois mesures au fort pouvoir symbolique : la baisse drastique des dépenses publiques sur cinq ans, avec une hypothèse de 85 milliards d'euros pour Alain Juppé à 110 milliards d'euros pour Bruno Le Maire et Fillon ; la réduction des effectifs de la fonction publique ; et la diminution des charges des entreprises en remettant au goût du jour la TVA sociale.
Mais une chose est certaine : tous prennent beaucoup de soin à éviter de parler explicitement de la suppression d'emploi dans la fonction publique hospitalière. En creux, Bruno le Maire dit seulement vouloir couper les dépenses "partout" et Nathalie Kosciusko-Morizet supprimer le statut de fonctionnaire. À l'hôpital toujours, tous s'accordent par contre – avec des nuances – sur la fin des 35 heures.
Les candidats sont aussi favorables à une autonomie accrue des établissements, proposition qui revient à ne pas dire grand-chose. Dans l'ensemble, les programmes santé des candidats à la primaire manquent d'audace. Nicolas Sarkozy a pris un risque en évoquant clairement la diminution du nombre de lits à l'hôpital. S'il passe au second tour, ça lui sera certainement opposé par son concurrent.
Un candidat de droite pourrait-il se démarquer en contestant carrément le monopole de la Sécu sur l'assurance-maladie ?
Ce serait la garantie de perdre l'élection et ils le savent ! Ce serait réveiller une inquiétude sur la protection sociale et entretenir l'image du candidat favorable aux inégalités d'accès aux soins. Cela permettrait à François Hollande, s'il se représente, de brandir le vieux ressort de l'attaque du modèle social français et cela créerait des remous chez l'électorat populaire du Front national. Les candidats de droite vont donc tous continuer à entretenir le flou sur ce sujet.
Pourquoi le thème de la santé a-t-il du mal à percer à droite ?
Il est difficile de se démarquer sur ce thème très délicat. Le contexte économique actuel, contraignant, empêche les candidats à la primaire de faire comme l'ancien président Jacques Chirac, qui avait fait campagne sur des grands plans en santé publique. Leur programme reflète l'engagement budgétaire français sur la scène européenne et la nécessaire réduction de notre déficit public sous la barre des 3 % du PIB. Difficile de parier sur des plans d'investissement quand on fait les fonds de tiroir.
La santé pourrait pourtant apparaître sous un prisme très positif si l'un des candidats décidait de s'engager fortement sur deux ou trois grandes causes – comme la santé publique ou la jeunesse. Montrer une perspective, avoir un grand dessein pour la France est une stratégie gagnante en politique. Je suis surpris par la dimension anxiogène des programmes santé de ces sept candidats.
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