C’EST ENTENDU : M. Besson ne va certainement pas se limiter à l’expulsion de trois Afghans et d’autres, plus nombreux, seront contraints, tôt ou tard, à rentrer chez eux. Le ministre, de toute évidence, a voulu tester une tradition qui n’est pas une loi de la République et qui protège de l’expulsion les citoyens de pays en guerre. Il y a en a au moins deux douzaines de nations de ce genre ; et ce n’est pas un hasard si les immigrés clandestins viennent principalement de ces pays-là. Si nous appliquons le principe du maintien en France de tous les sans-papiers qui viennent de ces régions troublées, nous aurons bientôt sur les bras des dizaines, voire des centaines de milliers d’immigrés clandestins.
La politique française d’immigration est constamment ballottée entre humanisme et rigueur. Nous sommes tous -ou presque- partagés entre le souci de respecter la dignité des clandestins et la nécessité de contrôler le flux migratoire. Une intransigeance absolue entraînerait, à n’en pas douter, un abaissement de la nation française ; un laxisme absolu conduirait tout autant à la perte de ces valeurs que les associations humanitaires prétendre défendre jusqu’au bout, sans pour autant améliorer le sort des immigrés, et en jetant sur l’immigration en général l’opprobre de l’opinion.
Manichéisme.
L’expulsion des trois Afghans a déclenché des comportements qui, même si leur expression semble modérée, est de nature hystérique parce qu’elle ne correspond en rien à la dure réalité. M. Besson, « traître et transfuge du parti socialiste » trouverait un logement et un emploi à chacun des clandestins qu’il ne trouverait pas grâce aux yeux de l’opposition, dont le seul objectif sérieux est de discréditer la politique d’ouverture et de tenter de démontrer qu’elle n’est que l’instrument de la plus dure des répressions sociales. Hirsch, Kouchner, Besson, Bockel, tous dans le même sac. Ils ne seraient que les faire-valoir de Nicolas Sarkozy. Comme c’est une des raisons pour lesquelles ils ont été cooptés dans le gouvernement, on décide de n’en faire que l’unique raison. Quant au travail qu’ils accomplissent, ce ne serait que roupie de sansonnet.
Ce manichéisme devient insupportable. La gauche a perdu sa mémoire et M. Besson n’a pas beaucoup de mal à rappeler que, du temps du gouvernement de Lionel Jospin, on renvoyait des Afghans dans leur pays, alors qu’il était aux mains des Taliban. « Mais, c’était la paix », s’écrie Jean-Pïerre Chevènement avec un incroyable aplomb. La paix talibane, c’est l’esclavage des hommes et le martyre des femmes, des fillettes interdites d’école, la théocratie.
SE DONNER BONNE CONSCIENCE QUEL QU’EN SOIT LE PRIX
De toute façon, ne peut-on pas envisager en France de mettre un terme à une habitude quand elle conduit à des désordres ? On a dit, avec une désinvolture invraisemblable et une démagogie insupportable, que M. Besson avait condamné à mort les trois expulsés. Ils ont été logés dans des chambres d’hôtel payées par le contribuable français, avec un pécule de 2 000 euros, également versés par la France, et l’ambassade de France tente de les aider à se réinsérer dans la société d’où ils viennent. Il ne faut pas s’en prendre aux associations françaises qui viennent en aide aux clandestins. M. Besson, qui espérait appliquer le « délit de solidarité », a vite reculé, parce qu’il sait bien que, historiquement, la contestation exprime l’honneur d’un pays et que le temps donne parfois raison aux protestataires. Pendant la guerre du Vietnam, c’est l’opinion américaine qui avait raison contre le gouvernement. Mais le même schéma n’est pas forcément applicable à toutes les situations.
Le syndrome de la générosité.
La logique angéliste, c’est l’irresponsabilité. Ouvrons nos bras à tous les clandestins, dans un pays dont on ne saurait franchir la frontière sans avoir un visa au préalable, c’est appeler tous les peuples qui souffrent à venir chez nous. Mais, puisque l’angélisme exige de tout leur offrir, il faut aussi leur donner des conditions de vie décente. Leur trouver des emplois dans une société plombée par le chômage. Leur accorder des logements dans un pays déficitaire en appartements. Leur consacrer un budget croissant dans un pays dont la dette représente 1 500 milliards d’euros. Qui peut préconiser un tel programme ? S’il ne faut pas douter de la sincérité de la plupart des citoyens généreux, il ne faut pas non plus exclure ce que nous appellerons le syndrome de la générosité. J’aime mon prochain, je suis du bon côté et je lutte contre un gouvernement forcément maléfique. Peu importent les conséquences, je suis bon. C’est trop facile. Et en même temps, c’est extrêmement dangereux, car, de cette manière, on en arrive à créer une situation tellement grave que la bonté de quelques-uns entraînera l’aversion de tous les autres. On sait comment finit ce manichéisme : par l’intolérance, la répression, le fascisme.
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