L’INVITATION du député UMP Jean-Pierre Door est arrivée par un simple mail la semaine dernière, à la grande surprise de ses destinataires : la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), Espace Généraliste, la Fédération des médecins de France (FMF), MG France, le Syndicat des médecins libéraux (SML) et l’Union des chirurgiens de France (UCDF). Les leaders de ces six syndicats de médecins libéraux devraient être néanmoins tous présents au rendez-vous fixé ce matin même dans l’enceinte de l’Assemblée nationale, afin d’y être entendus pendant deux heures par le Groupe d’études des professions de santé (composé de 75 députés aux étiquettes politiques diverses) que préside l’élu du Loiret. Ce « temps d’écoute et d’échanges », selon les termes de Jean-Pierre Door, devrait porter en particulier sur le délicat titre II du projet de loi Hôpital, patients, santé et territoire (HPST) relatif à l’accès aux soins, dont l’examen a débuté hier après-midi au Palais Bourbon en séance publique (« le Quotidien » du 26 février et du 2 mars).
« Montrer que l’on fait de la concertation, c’est plutôt malin ! », commente le Dr Claude Bronner, à la tête d’Espace Généraliste. Celui-ci en profitera pour « essayer de faire comprendre aux députés qu’empêcher des médecins de s’installer dans certaines zones ne servira à rien car ils n’iront pas où l’on veut qu’ils aillent : les postes de salariés sont largement assez nombreux pour eux ». Par conséquent, estime le Dr Bronner, « rendre plus attractives les zones sous-médicalisées est la seule piste raisonnable ».
« Nous ne pouvons qu’être satisfaits d’être entendus, déclare le Dr Jean-Claude Régi, président de la FMF. Je prends (cette audition) comme une volonté des députés de bien cerner les positions diverses des syndicats ». La FMF, qui s’est démarquée de certaines « attitudes d’opposition systématique » à la réforme Bachelot, ne manquera pas d’aborder ses propres desiderata en matière de règles de représentativité syndicale (traitées dans le titre IV du texte). Le leader de MG France souligne le caractère « très urbain et confraternel » du cardiologue Jean-Pierre Door et se dit intéressé par « tous les lieux où l’on peut débattre et donner son avis ». Le Dr Martial Olivier-Khret a pris bonne note que, depuis la fin de la discussion générale sur le projet de loi HPST, « seul le gouvernement peut porter de nouveaux amendements ». Pour autant, ce partisan de la réforme Bachelot pense sereinement que « les choses ne sont pas fermées » et que « le texte final tentera de concilier les uns et les autres ». Il exclut toutefois qu’en premier recours, le rôle essentiel soit dévolu au « médecin traitant » (omnipraticien ou spécialiste) en lieu et place du « médecin généraliste », comme le réclame la CSMF. En dépit des égards pris par les députés envers les syndicats médicaux, le Dr Olivier-Khret minimise les risques de fronde chez les médecins libéraux contre la loi HPST : « Cela fait des mois qu’une partie du corps médical essaye d’agiter les confrères sans y parvenir ! ».
Trop tard ?
À la CSMF, fer de lance de la campagne menée actuellement par le Centre national des professions de santé (CNPS) contre la réforme Bachelot, Michel Chassang interprète au contraire l’invitation de Jean-Pierre Door comme la prise en compte d’une menace corporatiste réelle et sérieuse par le gouvernement. « Bien sûr qu’il est en service commandé ! explique le président de la Confédération. En dehors de MG France et d’une frange minoritaire de la FMF, ils n’ont pas de soutien sur cette loi chez les médecins. Ils ont donc besoin de faire du nursing auprès d’eux », et cela via les députés du Groupe d’études des professions de santé. Cette « bonne initiative vient trop tard », dès lors que la bataille d’amendements « sera maintenant au Sénat », conclut le Dr Chassang. C’est trop tard aussi aux yeux du Dr Philippe Cuq de l’UCDF, d’autant que maintes dispositions déjà adoptées dans le titre I « contrarient » les spécialistes de plateaux techniques privés (tarifs opposables et contrats incluant des missions de service public). L’UCDF entend donc se faire entendre d’une autre manière, notamment lors de sa journée d’action prévue le 14 mars.
Le Dr Roger Rua, secrétaire général du SML, ne cache pas sa perplexité : « Nous demander nos positions alors qu’on les a déjà tous exprimées, c’est complètement incohérent, surtout au lendemain du début des travaux de l’Assemblée sur le titre II ». Globalement, le SML rappelle qu’il n’a « pas d’opposition de principe » au projet de loi HPST même si « certaines dispositions de ce texte ne sont pas satisfaisantes et que d’autres méritent d’être précisées » (en particulier la définition du premier et du second recours, le rôle du généraliste, les contrats régionaux et la non-opposabilité des schémas régionaux d’organisation sanitaire ou SROS ambulatoires).
Vers un plan Maladies rénales ? Le think tank UC2m met en avant le dépistage précoce
La prescription d’antibiotiques en ville se stabilise
Le Parlement adopte une loi sur le repérage des troubles du neurodéveloppement
Chirurgie : les protocoles de lutte contre l’antibiorésistance restent mal appliqués, regrette l’Académie