LE PROBLÈME est d’autant plus épineux que les pouvoirs publics n’ont jamais tenté sérieusement de le résoudre, par exemple sous la forme d’une législation contraignante. On n’en est que plus reconnaissant au gouvernement d’aborder, cette fois sans raison électorale apparente, une tare de la société qui s’est répandue à la faveur d’une discrétion coupable. Preuve, peut-être, que la réforme ne se limite pas aux sujets susceptibles de rassembler la droite.
Par rapport aux enjeux (tous les deux jours et demi, une Française meurt des coups assénés par son mari ou son compagnon, sans compter toutes celles qui sont battues régulièrement mais n’en parlent pas), les premières mesures nous sembleront insuffisantes. La secrétaire d’État à la Famille, Nadine Morano, va expériementer dans deux ou trois départements un bracelet électronique qui tiendra à l’écart de la femme le mari violent. Un téléphone d’urgence sociale pour les femmes victimes sera progressivement mis en place. C’est désormais le mari ou le compagnon violent qui sera évincé du domicile et non la femme.
Un délit de violence psychologique.
Mme Morano va plus loin. Elle veut introduire un délit de violence psychologique au sein du couple, ce qui est ambitieux mais délicat : il faudra distinguer les querelles de ménage courantes des crises où le langage du compagnon ou du mari est ordurier et doit être sanctionné. Ce sera difficile à prouver et il n’est pas exclu que des femmes soient aussi coupables de ce délit.
BATTRE SA FEMME, C’EST SE DÉTRUIRE SOI-MÊME
Il s’agit d’un fléau mondial. Il ne peut être produit que par un défaut d’éducation. Rares sont les parents qui enseignent à leurs garçons le respect des filles. Après la puberté, la testostérone, l’alcool et la lâcheté font le reste. Le comportement des maris violents les renvoie à l’âge de pierre. Ils se conduisent en êtres primitifs, en utilisant leur force physique contre des épouses forcément plus faibles. Quand ils ont fini de cuver leur vin, ils regrettent ce qu’ils ont fait mais ils récidivent. La violence antifemmes apparaît surtout dans les foyers pauvres, mais elle existe aussi dans les ménages plus aisés. Beaucoup de femmes ne parviennent pas, malgré les coups, à se détacher de leur homme ; beaucoup ont honte de leur sort, cachent leurs bleus et feignent d’être heureuses ; beaucoup n’osent pas porter plainte, soit parce qu’elles considèrent la démarche judiciaire comme excessive ou dangereuse pour elles, soit parce qu’elles craignent des représailles.
L’intervention des pouvoirs publics dans la sphère privée n’est pas toujours recommandable. On peut d’ailleurs estimer que l’État est trop présent dans la vie des familles, par le biais des avantages sociaux qui encouragent les naissances ou par le biais de l’éducation. Mais les femmes n’ont aucun autre recours que la police et la justice, si l’on excepte les foyers d’hébergement insuffisants en nombre et financés par la bonne volonté. Aux États-Unis, l’absence de l’État est tellement criante que certaines associations organisent des filières pour que les femmes battues, enfin décidées à se séparer de leur mari, changent de vie, parfois d’identité et de résidence. Certains époux ou compagnons sont tellement dangereux et si souvent récidivistes, que la femme ne peut trouver son salut qu’en adoptant un statut comparable à celui du témoin protégé par le FBI. C’est une sorte de crise permanente qui imprègne le tissu social et les sociétés modernes ont vécu avec cette crise sans essayer vraiment de trouver des solutions.
On ne reprochera donc pas au gouvernement de s’emparer de la question, même si les mesures annoncées ne représentent que le début d’un campagne d’éradication qui prendra des années, sinon des décennies. Comme pour l’emploi ou la santé, la meilleure démarche est dans l’apprentissage. Il faut prendre le sujet en amont, au moment où les enfants sont sensibles au discours des enseignants. Les garçons apprendront, avant leur puberté, que les filles sont hors d’atteinte parce que justement elles sont plus faibles physiquement. Il faut créer un nouveau tabou social. Car on ne trouve pas les mots pour décrire une ignominie particulièrement révoltante : les maris violents s’en prennent à ce qu’ils ont de plus cher, ils ne se rendent pas compte que leur femme est une chance, ils ne savent pas qu’en la battant ils tombent dans un gouffre de honte, que s’en prendre à plus faible que soi est le comble de la lâcheté et le contraire de la virilité. Battre sa femme, c’est détruire la cellule familiale, donc se détruire soi-même.
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