LES INDIENS sont 1,210 milliard, selon le dernier recensement effectué entre le 9 et 28 février 2011, soit 181 millions de plus qu’en 2001. Si le taux de croissance baisse (il est de 1,64 % entre 2001 et 2011 contre 1,97 % dans la décennie antérieure), l’augmentation absolue est « quasiment identique » depuis vingt ans, notent Jacques Véron, de l’Institut national d’études démographiques (INED), et Aswini K. Nanda, du Centre de recherche dans le développement industriel et rural de Chandigarh, dans le bulletin « Population & Sociétés » (n°478)*. Et le rythme de la croissance démographique est effréné : en un peu plus d’un siècle, la population indienne a quintuplé, sans que la politique de limitation des naissances n’ait quelque impact.
« La stabilisation de la population indienne, tant recherchée par les autorités du pays depuis 60 ans, ne paraît toujours pas pour demain », commentent les chercheurs. La transition démographique est en effet loin d’être achevée, surtout dans certains États du nord déjà très peuplés. Selon des enquêtes précédentes, la fécondité reste supérieure à 3 enfants par femme au Rajasthan, Madhya Pradesh, et au Jharkhand, et atteint 3, 8 enfants en Uttar Pradesh et 4 dans l’État le plus pauvre du sous-continent, le Bihar, qui accuse par ailleurs une croissance démographique très rapide de 2,2 % par an. « Les programmes de planification familiale mis en place dès le début des années 1950 se sont heurtés, dans les régions les plus peuplées, à la pauvreté et au faible niveau d’alphabétisation des populations », expliquent Jacques Véron et Aswini K. Nanda.
Conséquence : la densité de population explose avec une moyenne de 382 habitants au km2 en 2011, contre 325 dix ans plus tôt. Les habitants de l’Uttar Pradesh, en sud du Népal, ou du Kerala, à la pointe sud de l’Inde, sont même 800, voire 850 au km2. En comparaison, la densité moyenne de la Chine n’est que de 140 habitants au km2, d’après le recensement de 2010...
« Cette élévation continuelle des densités soulève des défis aussi bien agricoles qu’environnementaux (épuisement des sols, mais aussi plus grande vulnérabilité des populations) », alertent les experts. Les niveaux de consommation d’eau du Punjab pour la culture intensive du riz commencent à être dénoncés par les autorités nationales. À l’Est, les agriculteurs du Bengale occidental ne disposent que de 0,64 hectare pour cultiver des céréales.
Avortements sélectifs.
La discrimination à l’égard des petites filles reste une réalité très présente en Inde. Les données provisoires du dernier recensement reflètent une augmentation du rapport de masculinité pour les enfants de 0 à 6 ans (109,4 garçons pour 100 filles en 2011 contre107,9en 2001). Certes, les politiques de réduction des avortements sélectifs semblent avoir fait leurs preuves dans les États très discriminatoires auparavant. Par exemple, la masculinité du Punjab, de 125 garçons pour 100 filles en 2001 est descendue à 118. Mais les chercheurs observent une augmentation dans des États jusque-là peu touchés par le phénomène, comme le Maharashtra ou le Rajasthan.
Dans l’attente de données supplémentaires, Jacques Véron et Aswini K. Nanda rappellent l’enjeu que représente l’évolution démographique dans le développement de l’Inde, qui pourrait contenir 1,7 milliard d’habitants en 2060.
* http://www.ined.fr/fr/ressources_documentation/publications/pop_soc/bdd…
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