Syndicats et jeunes réclamaient moins de flexibilité et plus de sécurité. Manuel Valls, qui a pris le dossier des mains de Myriam El Khomri, a sans doute compris qu'il ne pouvait plus passer en force et il a apporté au texte des modifications qui en ôtent tout l'intérêt : le recrutement de nouveaux salariés ne peut être favorisé que par la liberté ultérieure pour le patron de licencier sans mettre en péril sa PME. On tenait une bonne réforme, on a une réformette et, comme pour celle des retraites, on s'est employé à éviter l'affrontement avec les forces conservatrices du pays.
Le Premier ministre a travaillé pendant le week end dernier sous la tutelle du président de la République, qui a appliqué à la lettre ses propres convictions, à savoir qu'il faut savoir faire la synthèse des idées du gouvernement et des protestations syndicales. Dès que les syndicats sont montés sur leurs grands chevaux, toute la stratégie de l'exécutif a consisté à modifier le texte pour complaire aux rares syndicats réformateurs, notamment la CFDT et la CFTC, et laisser les autres, CGT et FO, s'enfermer dans leur refus. C'est une tradition, ces deux organisations disent toujours « non », quoi qu'on leur propose. Le gouvernement ne pouvait donc pas lancer une réforme profonde et utile et rechercher en même temps un consensus syndical. Il a d'abord essayé, d'ailleurs très maladroitement, de rédiger le texte idéal, celui qui aurait les effets les plus positifs sur le marché de l'emploi, tout en s'apprêtant déjà à en réviser les dispositions les plus draconiennes.
Une totale absence de courage politique
François Hollande pouvait-il tenir bon ? Oui, s'il avait décidé de renoncer définitivement à un second mandat. Maintenant, il navigue au hasard. Il pensait faire voter la réforme du travail par une partie de la droite, mais en rendant le texte insipide, il ne compte plus sur l'opposition. Il espère en revanche retrouver une majorité de gauche pour la réforme. Et s'il l'obtient, c'est qu'il aura laissé les élus modifier le contenu du projet de loi à leur guise. Ce n'est pas de cette manière que nous créerons des emplois. La politique a repris ses droits au détriment de l'emploi. Et le débat a créé un climat ubuesque où l'on a vu les chefs de la CGT et de FO se caricaturer eux-mêmes dans un rôle muet, celui de la CFDT se complaire dans une posture réformatrice mais exigeante, Emmanuel Macron disparaître, en fin de semaine dernière, de la discussion, Myriam El Khomri dépossédée du sujet, la droite qui y croyait presque et a été déçue, la gauche surexcitée et soudainement plus sereine, Hollande cherchant à un dixième de degré près la bonne température de son omelette norvégienne et Valls, bon soldat, assurant le service après-vente. La France éternelle, c'est ça.
La seule question qui vaille aujourd'hui est la suivante : l'emploi repartira-t-il dans les mois qui viennent malgré l'absence de réforme sérieuse ? Ce n'est pas impossible dans la mesure où les signes d'une reprise se multiplient et où les emplois aidés commencent à avoir un effet sur les statistiques. Il y a une telle force d'inertie dans ce pays que le temps finit par faire son œuvre sans que la volonté humaine vienne à bout de la crise. C'est, bien sûr, placer de l'optimisme dans une situation de marasme absolu, et croire eu Père Noël au même titre que ces jeunes qui se sont battus cinquante ans à l'avance pour que leur retraite ne soit pas différée et se battent aujourd'hui contre une réforme qui aurait facilité leur accès à l'emploi. Quant aux syndicats, ils ont toujours joué la protection des actifs au détriment des chômeurs. Ils ont toujours pensé que le chômage n'est pas tragique s'il est convenablement indemnisé. Au moment où le gouvernement s'apprête à augmenter d'un point l'indice des fonctionnaires, nous restons le pays de la course à la dépense et tant pis pour les grands équilibres.
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