« LE FAMEUX "esprit de Genève" a prévalu et vous avez accouché, souvent après un travail prolongé, de quelques beaux enfants », a lancé à son auditoire, dans son discours de clôture, le Dr Margaret Chan, réélue pour 5 ans par 98 % des voix des 194 États. Les séances de nuit n’ont pas été rares, mais l’agenda de cette 65e AMS, scandé par les rapports sur les sujets de santé publique mais aussi sur la gouvernance de l’OMS, a été tenu.
Les décisions et résolutions sur les maladies non-transmissibles sont les premiers de ces « beaux enfants ». Les États membres ont adopté comme cible mondiale une réduction de 25 % entre 2010 et 2025 de la mortalité prématurée par ces maladies, responsables de 63 % des décès dans le monde (en 2008). Plus largement, un cadre mondial de suivi de cette lutte, avec indicateurs et cibles mondiales (notamment sur les facteurs de risque que sont le tabagisme, l’abus d’alcool, la malnutrition et la sédentarité), devrait être élaboré avant fin octobre 2012. Margaret Chan s’est en outre félicitée de l’adoption « du texte historique sur les troubles mentaux », qui reconnaît la nécessité d’une réponse globale des secteurs sociosanitaires, ouvrant la voie à des programmes de lutte contre la discrimination, d’insertion professionnelle, et d’investissements financiers.
Un plan pour des vaccins.
Autre « bel enfant », un plan d’action mondial des vaccins (GCAP), élaboré par un groupe d’experts internationaux des vaccins (Decade of Vaccines Collaboration) a été adopté par l’OMS, pour « éviter des millions de morts d’ici 2020 ». Seuls 4 enfants sur 5 bénéficient des vaccins de base, et 20 % sont laissés pour compte. Cette feuille de route vise le renforcement de la couverture vaccinale pour ces enfants, le contrôle des maladies évitables par vaccination (notamment de la poliomyélite), l’introduction de nouveaux vaccins et le développement de la recherche. Tous les âges de la vie devraient être couverts car « le plan favorise la coordination et la synergie entre la vaccination de l’enfance à l’adolescence et durant la période de fertilité », estime le Dr Flavia Bustreo, Sous-Directeur général pour la famille, la santé maternelle et infantile de l’OMS.
Cette 65e AMS a aussi été l’occasion de se prononcer en faveur du renforcement de l’éducation sexuelle, pour diminuer le nombre de mariages précoces et de grossesses chez les adolescentes, de réaffirmer le rôle de l’OMS comme chef de file dans les situations d’urgences humanitaires et de partager les expériences sur la préparation des rassemblements mondiaux de masse. Sans nier les progrès réalisés sur les objectifs du millénaire pour le développement, l’OMS a reconnu « qu’il y a encore beaucoup à faire au cours des 3 années qui restent pour les atteindre ».
Dix ans de polémiques.
Le rapport sur la Recherche et le développement a, en revanche, troublé ce long fleuve tranquille. Pays riches et pauvres s’écharpent depuis 10 ans sur la nécessité de financer les travaux sur les maladies négligées (par l’industrie pharmaceutique) des pays en voie de développement. Pour la première fois, un groupe d’expert de l’OMS a proposé d’adopter une convention internationale contraignant chaque pays à y consacrer 0,01 % de son PIB. Sont également préconisés les communautés de brevets, l’innovation ouverte et le recours à des savoirs en libre accès afin de contourner le système (dispendieux) des brevets. Malgré le souhait de la Suisse de reporter le débat, l’AMS a choisi le compromis en adoptant une résolution visant à orchestrer des consultations pour analyser la faisabilité de ses recommandations.
Les membres de l’OMS ont enfin fait « progresser le programme de réforme de l’OMS » a souligné le Dr Chan, qui a loué leur « esprit de collaboration (...) permettant d’avancer plus vite ». Ils ont réaffirmé leur soutien à une réforme complète vers plus d’efficience et de transparence et encouragé le renforcement de la gouvernance.
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