Les enfants d'ouvriers sont plus exposés au risque de surpoids et d'obésité, démontre une nouvelle étude de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES), quand bien même ils sont souvent de plus petits poids à la naissance.
Davantage de gros bébés chez les cadres
Si dans l'ensemble il y a à la naissance autant de bébés de petit poids que de gros bébés, 7 %, dans la génération née en 2007 (autour d'un poids moyen de 3,270 kg), les ouvriers ont plus souvent que les cadres des bébés de petit poids (9 % vs 6 %), rapporte la DREES en s'appuyant sur les données de la dernière enquête en milieu scolaire, en grande section maternelle, en 2012-2013. À l'inverse, les cadres ont plus souvent des gros bébés que les ouvriers (8 % vs 6 %). Un résultat qui corrobore les conclusions de la cohorte ELFE.
Gradient social fort
Mais en grandissant, les courbes s'inversent, et la surcharge pondérale présente un gradient social marqué. Ainsi, elle concerne 16 % des enfants d'ouvriers en grande section de maternelle, contre 7 % des enfants de cadres. Quant à l'obésité, elle touche 6 % des premiers, contre 1 % des seconds.
Ce gradient social semble plus fort que la génétique qui veut que les nouveau-nés de petits poids sont plus à risque d'être en insuffisance pondérale à 6 ans (ils sont 12 % à être sous les normes, vs 6 % des enfants de poids standard à la naissance). Or, 11 % des enfants d'ouvriers de petits poids basculent dans le surpoids à 6 ans, contre 4 % des enfants de cadres (qui, en revanche, sont plus nombreux à rester en sous-poids).
Le lien entre poids élevé à la naissance et surpoids durant l'enfance est aussi connu. 20 % des gros bébés sont en surpoids à 6 ans, contre 12 % des enfants qui pesaient à la naissance entre 2,5 et 4 kg. Mais le facteur social aggrave la tendance : 31 % des enfants d'ouvriers nés à plus de 4 kg restent en surcharge pondérale à 6 ans, vs 13 % des enfants de cadres.
Près de deux fois plus de risque pour un enfant d'ouvriers d'être en surpoids
Les habitudes de vie (sauter le petit déjeuner, passer du temps devant les écrans...) jouent indéniablement, mais « ne suffisent pas à expliquer les écarts de surpoids entre les enfants de cadres et ceux des autres groupes sociaux », écrit l'auteure Muriel Moisy, calculant qu'à habitudes identiques, un fils ou une fille d'ouvriers a 1,9 fois plus de risque d'être en surcharge pondérale à 6 ans que des enfants de cadres.
L'auteure souligne la gravité du problème, puisqu'un enfant en surpoids à 6 ans sur deux l'est toujours à 15 ans. Et le gradient social est toujours aussi pesant, surtout pour l'obésité : 19 % des enfants de cadres obèses à 6 ans le restent à l'adolescence, contre 44 % des enfants d'ouvriers, 47 % des enfants d'employés, et 50 % des enfants d'agriculteur.
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