Dengue, chikungunya, lèpre, maladie de Chagas… L'Organisation mondiale de la santé (OMS) appelle ce 30 janvier à investir davantage dans la lutte contre les maladies tropicales négligées (MTN). Bien que plus de 1,6 milliard de personnes en souffrent, ces pathologies, au nombre de 20, restent délaissées, car elles ne sévissent que dans les pays les plus pauvres du monde, dans les zones tropicales, où persistent des problèmes de salubrité de l'eau, d'assainissement et d'accès aux soins de santé.
L'épidémiologie de ces MTN est complexe et souvent liée aux conditions environnementales. Nombre d'entre elles sont transmises par des vecteurs et proviennent de réservoirs animaux et sont associées à des « cycles de vie complexes », selon l'OMS, ce qui rend la lutte difficile.
« Ces maladies sont négligées parce qu'elles sont presque absentes du programme d'action sanitaire mondial », a souligné le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, dans un message publié à l'occasion de la Journée mondiale des MTN. « Peu de fonds leur sont consacrés et elles s'accompagnent d'une stigmatisation et d'une exclusion sociale », a-t-il ajouté.
Seize pays particulièrement touchés
Tedros a souhaité donner un peu d'espoir, en rappelant que « des millions de personnes ont été libérées du fardeau des maladies tropicales négligées ». En 2021, environ 1,65 milliard de personnes avaient besoin d'être traitées pour au moins une de ces MTN, soit 80 millions de moins qu'en 2020. Malgré les difficultés à combattre ces maladies, 47 pays avaient éliminé au moins l'une d'entre elles à la fin de 2022. Et huit de ces pays en avaient éliminé une rien que l'an dernier. « La bonne nouvelle, c'est que nous disposons des outils et du savoir-faire non seulement pour sauver des vies et prévenir les souffrances, mais aussi pour libérer des communautés et des pays entiers de ces maladies », a-t-il relevé.
Mais beaucoup reste à faire, alors que 16 pays représentent 80 % du fardeau mondial des MTN, dont la République démocratique du Congo, l'Égypte, l'Éthiopie, l'Inde, le Nigeria, le Pakistan, les Philippines et la Tanzanie. « Il est temps maintenant d'avoir plus d'équité. Nous devons protéger les gens où qu'ils soient, et quelle que soit leur condition sociale », a exhorté le directeur du département des MTN à l'OMS, le Dr Socé Fall. Et de faire observer que la lutte contre la mpox n'avait commencé que lorsque la maladie avait commencé à se propager dans les pays riches l'an dernier, alors que la maladie était endémique depuis de nombreuses années dans des pays d'Afrique.
« Nous sommes loin » d'avoir atteint le niveau d'investissement nécessaire pour lutter contre les MTN, a-t-il déclaré, sans parler de l'impact de la lutte contre le Covid. « Il est temps d'agir maintenant, d'agir ensemble et d'investir dans les MTN », conclut Tedros.
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