En 2009, Médecins du Monde ouvrait un centre de soins pédiatriques à Koungou à Mayotte, afin d’améliorer l’accès aux soins des enfants les plus démunis. « Face au nombre croissant d’enfants arrivant au centre manifestement en situation de malnutrition, MdM a décidé d’évaluer la situation nutritionnelle des enfants de moins de cinq ans vus en consultation », explique l’association. L’étude a été menée du 1er avril au 1er juillet 2011 auprès de l’ensemble des enfants vus en consultation au centre de MdM ou en clinique mobile. Le repérage de la malnutrition se faisait par le recueil de l’âge, du sexe, du poids et de la taille des enfants. Sur la période de l’étude, 422 enfants de 0 à 59 mois ont été inclus. « Les résultats montrent une prévalence de la malnutrition aiguë chez 7,3 % des enfants rencontrés », souligne l’association. Un taux élevé mais qui semble stable par rapport aux enquêtes existantes, notamment celle réalisée en 2006 par l’Institut de veille sanitaire (InVS) qui retrouvait un taux de 7,5 % en population générale (12,3 % pour la malnutrition chronique). « Inacceptable », juge MdM si l’on se réfère aux recommandations de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) et de l’OMS selon lesquelles des taux entre 5 % et 10 % indiquent une situation précaire.
Précarisation des populations.
L’étude a « certainement manqué de puissance pour mettre en évidence des facteurs de risque sociaux ou économiques de malnutrition aiguë », précise MdM qui fait néanmoins un certain nombre de constatations inquiétantes. Les enfants souffrant de malnutrition sont issus de familles aux ressources financières faibles et précaires, nombreuses le plus souvent. L’accès aux services essentiels tels que l’eau courante est également préoccupant. Plus d’un enfant sur 3 (39,3 %) n’y avait pas accès. Les pratiques et habitudes alimentaires sont également un enjeu majeur dans la lutte contre la malnutrition. À Mayotte, la diversification débute tôt (avant l’âge de six mois) et les aliments introduits en premier sont le riz et rapidement le poisson. On retrouve peu de fruits et légumes - pourtant disponibles - dans l’alimentation des enfants et beaucoup de féculents et de protéines.
L’accès aux soins pour la prévention et le suivi nutritionnel est essentiel. « En 2009, on estimait à plus de 18 000 le nombre d’enfants non affiliés à la sécurité sociale », souligne l’association ; « seule la moitié des enfants malnutris bénéficiaient alors d’un suivi en PMI et un quart obtenait un traitement nutritionnel », note-t-elle. Selon MdM, « la mise en place de la départementalisation territoire de Mayotte a contribué à la précarisation des populations », notamment étrangères. Et de s’alarmer : « Avec plus de 21 000 reconduites à la frontière en 2011, les politiques migratoires menées à Mayotte entraînent un harcèlement systématique des plus précaires. Ceux-ci renoncent à aller se faire soigner par peur d’être arrêtés. De nombreux enfants se retrouvent séparés de leurs parents, pris en charge par d’autres familles qui ne peuvent pas toujours assurer leurs besoins alimentaires. » Pour conclure, MDM rappelle que les statistiques de l’INSEE affichaient en 2010 un taux brut de mortalité infantile dans le territoire de « 13,5 % soit 4 fois plus élevé qu’en métropole ».
Vers un plan Maladies rénales ? Le think tank UC2m met en avant le dépistage précoce
La prescription d’antibiotiques en ville se stabilise
Le Parlement adopte une loi sur le repérage des troubles du neurodéveloppement
Chirurgie : les protocoles de lutte contre l’antibiorésistance restent mal appliqués, regrette l’Académie