Des ordonnances « gonflées », des hormones de croissance prescrites à des enfants, soit inutilement, soit en dose excessive. Voilà de quoi sont accusés soixante-sept médecins italiens dont des pédiatres, des néphrologues et des endocrinologues salariés par le service public et privé.
Selon le parquet de Rimini (nord) en charge de l’enquête, douze visiteurs médicaux du groupe Sandoz, la filiale de Novartis, ont régulièrement rémunéré depuis deux ans, les 67 spécialistes mis en examen. Au total, plus d’un demi-million d’euros aurait été dépensé. Selon les enquêteurs, les informateurs avaient peaufiné une gamme de tarifs pour « récompenser » les spécialistes qui prescrivaient les hormones de croissance biosimilaire comme l’Omnitrope.
À titre d’exemple, un médecin du département d’Endocrinologie de l’hôpital Matteo de Pavie ayant prescrit cette hormone à une vingtaine d’enfants entre 2009 et 2010, aurait touché un chèque de 30 000 euros. D’autres spécialistes recevaient des coupons pour un séjour dans un hôtel de luxe en Europe mais aussi aux États-Unis et au Japon.
Pour garder le lien avec les médecins, les informateurs leur offraient régulièrement des iPad, iPhone et autres tablettes. Et réglaient les achats effectués par les médecins durant leurs voyages à l’étranger. Ainsi, une pédiatre employée à Rome par l’hôpital Gemelli, la structure catholique où le pape Jean Paul II avait été hospitalisé, se serait fait rembourser quelques achats effectués à New York dans des boutiques à la mode. Durant une conversation téléphonique avec un visiteur placé sous écoute par les carabiniers, cette pédiatre avait d’ailleurs déclaré qu’elle « prescrivait des doses de cheval à ses patients ».
Opération « médecins propres »
Pour sa part, le groupe Sandoz affirme ne pas être impliqué dans cette affaire et rejette toute la responsabilité sur les douze visiteurs médicaux mis en examen par le parquet de Rimini. La direction a aussi révélé que des sanctions disciplinaires sévères ont été adoptées contre des informateurs. Selon le journal milanais « Il Corriere della Sera », les carabiniers ont trouvé durant les perquisitions effectuées dans les locaux de Sandoz, les copies de lettres expédiées en avril dernier à trois visiteurs médicaux.
Des lettres de contestation indiquant « que le groupe avait appris que des médecins employés par des structures publiques et privées avaient été contactés pour augmenter les ventes d’Omnitrope et de Binocrit en échange d’argent liquide puisé dans les caisses du groupe ». Les autorités auraient également saisi un « mémoire réservé » daté du 7 février dernier évoquant la conduite illicite des visiteurs médicaux impliqués dans ce scandale rebaptisé « médecins propres » par les médias italiens.
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