La France connaît une baisse générale de la mortalité, grâce aux avancées de la prévention et de la médecine, mais les progrès sont contrastés, indique Santé publique France dans son « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » du 12 novembre. L'article des chercheurs du Centre d'épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDc) de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) donne une photographie précise de 2016, tout en retraçant les évolutions depuis 2000, à partir des données issues des certificats de décès.
En 2016, 579 230 décès ont été enregistrés en métropole, dont moins d'un cinquième (17 %) est considéré comme prématuré (moins de 65 ans). Les hommes sont particulièrement touchés par la surmortalité (1,7 fois plus que les femmes), notamment prématurée (23 % des décès masculins surviennent avant 65 ans, vs 11 % pour les femmes).
1res causes de décès : tumeurs et maladies cardio-vasculaires
Les tumeurs sont la première cause de mortalité en 2016, à l'origine de 29 % des décès. Sont particulièrement mortels les cancers du poumon, des bronches et de la trachée (ils représentent près de 19 % des décès par tumeurs), mais aussi le cancer du sein, de l'utérus, de l'ovaire (3,4 % des décès, voire 6,7 % chez les femmes), le cancer colorectal (3,1 % des décès) et celui du pancréas (1,0 %), du foie, de l'estomac.
Arrivent en deuxième position dans les causes de mortalité, les maladies cardio-vasculaires, responsables de 24,2 % des décès. Les cardiopathies ischémiques représentent 23 % de ces décès, les maladies cérébro-vasculaires, 22 %.
Les démences sont responsables de 7 % des décès, suivies par les accidents (et encore une fois, les hommes sont sur-représentés, notamment au regard des accidents de la route) et les suicides (1,5 %).
Des améliorations pour le VIH-sida, les maladies cardio-vasculaires et la route
L'évolution des tendances depuis 2000 révèle une baisse de la mortalité liée au VIH-sida (de 7,4 % chez les hommes, tous les ans, entre 2008 et 2016, et de 8,1 % chez les femmes), aux accidents de transports (- 7,7 % entre 2000 et 2007 puis - 6 % entre 2008 et 2016 chez les hommes, et respectivement - 9,7 % et - 5 % pour les femmes) et aux maladies cardio-vasculaires (environ moins 3 % chaque année depuis 2000, pour les deux sexes).
Selon les auteurs, l'amélioration de la qualité des véhicules ainsi que le renforcement des contrôles routiers (par exemple, via l'implantation des radars automatiques), expliquent la forte réduction de la mortalité par accident. La baisse de la mortalité par maladies cardio-vasculaires, malgré le nombre croissant d'accidents vasculaires cérébraux (AVC), serait liée, elle, au développement des plateaux techniques de cardiologie interventionnelle pour les cardiopathies ischémiques et des unités neuro-vasculaires pour les AVC.
Autre motif d'espoir : l'augmentation de la mortalité par démence ralentit (de + 1,5 % entre 2000 et 2008 à + 1,1 % entre 2008 et 2016 pour les femmes), voire s'inverserait chez les hommes, en raison d'une diminution des facteurs de risque cardio-vasculaires.
Hausse des cancers du pancréas, du système nerveux central et des mélanomes
L'étude alerte en revanche sur les pathologies dont les taux de mortalité augmentent : le cancer du pancréas (+ 0,8 chez les hommes, entre 2000 et 2016, et + 1,4 % entre 2000 et 2007 chez les femmes, puis +1,9 % entre 2008 et 2016), chez les femmes, du cancer du poumon et des maladies respiratoires chroniques (effet retardé du tabagisme), et pour les deux sexes du système nerveux central et du cerveau (+ 0,8% chez les hommes entre 2008 et 2016, et + 1,5 % chez les femmes). Cette dernière observation « pose question dans le contexte de l'essor des technologies liées aux ondes radiofréquences », lit-on.
Les auteurs alertent sur la nécessaire sensibilisation du public à la prévention du mélanome, dont la mortalité stagne.
Enfin, ils appellent, d'un point de vue technique, à généraliser le certificat électronique de décès, qui a prouvé sa pertinence tant pour identifier précocement des alertes que pour la surveillance sur le temps long. En 2018, seulement 15,6 % des décès ont été certifiés électroniquement.
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