« La pandémie de Covid-19 ne doit pas briser la dynamique qui a contribué à la baisse historique du tabagisme en France », exhorte la directrice de Santé publique France (SPF) Geneviève Chêne, alors que s'ouvre la 5e édition du Mois sans tabac, dans une France reconfinée. Et de rappeler que le tabac est la première cause de mortalité évitable en France, responsable de 75 000 décès par an, soit 13 % de la mortalité totale (selon les chiffres de 2015).
Le Mois sans tabac est cette année un enjeu d'autant plus crucial que le premier confinement a conduit environ un quart des fumeurs à augmenter leur consommation de tabac, en moyenne de 5 cigarettes par jour, selon l'enquête CoviPrev de SPF. Moins de 20 % des répondants avaient diminué leur consommation, et 55 % l'avaient maintenue stable.
De son côté, l'Observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT) relevait d'après l'enquête Cannabis online, à laquelle 2 778 personnes ont répondu cet été, une augmentation de la consommation de cannabis chez plus d'un quart (27 %) des fumeurs hebdomadaires. Près d'un usager mensuel sur dix (8 %) sont passés à un usage quotidien pendant le 1er confinement. Au total, la part des usagers quotidiens a progressé de 11 points, passant de 20 % à 31 %.
Pourtant, la tendance à la réduction du tabagisme en France était bien réelle, avec 1,9 million de fumeurs en moins entre 2014 et 2019, et une prévalence en 2019 jamais aussi basse (30,4 de Français fumeurs, dont 24 % quotidiennement). L'an passé, quelque 200 000 Français avaient participé au Mois sans tabac.
Un programme sur 40 jours, qui mise sur le partage d'expérience
« Un mois sans tabac multiplie par cinq les chances d'arrêter de fumer définitivement. Après 30 jours d'abstinence, la dépendance s'avère bien moins forte et les symptômes de manque (nervosité, irritabilité) sont moins présents », rappelle SPF. Et participer au défi collectif doublerait les chances de réussite du sevrage, puisque 6 % à 10 % des anciens fumeurs sont toujours abstinents un an après un Mois sans tabac, contre 3 % à 5 % sans aide extérieure.
Pour cette édition 2020, le Mois sans tabac propose un nouveau programme d'accompagnement des participants sur 40 jours, 10 jours de préparation et 30 jours de défi, avec des conseils, activités, et challenge, disponibles dans le kit #MoisSansTabac, en stories #monprogrammesanstabac sur la page instagram de tabac info service, ou par mail. En outre, SPF met en avant les ex-fumeurs, afin qu'ils partagent leur expérience de sevrage tabagique et de vie sans tabac.
Villes pilotes sans tabac
L'opération se traduit aussi par la refonte du site Tabac info service et de l'application d’e-coaching Tabac info service, conçue par l’Assurance-maladie en partenariat avec SPF et avec le concours de la Société francophone de tabacologie. Le 39 89 est disponible du lundi au samedi, de 8 heures à 20 heures ; les participants peuvent se retrouver sur les réseaux sociaux Facebook, Instagram et Twitter. Et 400 opérations sont censées être organisées par les Caisses primaires d'assurance-maladie (soit 10 % de plus qu'en 2019), grâce à un financement de 2 millions d'euros issu du fonds de lutte contre les addictions aux substances psychoactives.
C'est notamment dans ce cadre qu'est lancé le projet de « Villes pilotes sans tabac », porté par l’association Grand Est Sans Tabac (GEST) avec le Comité national contre le tabagisme (CNCT). Joinville, Mulhouse et Thionville entendent éliminer toute exposition au tabagisme passif au sein des mairies d'abord, et en accompagnement les agents fumeurs qui veulent arrêter. Avant d'étendre leurs actions de dénormalisation du tabagisme dans toute la ville à travers différents types d'actions : espaces publics sans tabac, opérations de sensibilisation et de prévention, contrôle de l’application actuelle de la législation sur le tabac, en particulier la vérification de l’interdiction de vente aux mineurs ou encore l'interdiction de fumer dans les espaces sans tabac.
Près de la moitié des Français approuvent les hausses des taxes sur le tabac
Alors qu'une seconde hausse des taxes annuelles est entrée en vigueur ce 1er novembre, avec pour conséquence d'augmenter le prix des paquets de 40 à 50 centimes, près de la moitié des Français (48,3 %) estiment que ces augmentations sont justifiées, et 43,6 % des fumeurs déclarent qu'elles les motivent à arrêter de fumer, selon le dernier baromètre de SPF portant sur 2018. Parmi les anciens fumeurs quotidiens, 39,8 % affirment même que ce motif a été à l'origine de leur démarche.
L'augmentation des taxes n'est néanmoins pas sans conséquence sur les produits fumés par les Français : la part des fumeurs de cigarettes ne consommant que du tabac à rouler a plus que doublé au cours des dernières années (8,1 % en 2010, 15,2 % en 2014, 20,5 % en 2018) - même si l'écart de prix avec les cigarettes manufacturées s'est réduit depuis 2016. En parallèle, la proportion de fumeurs consommant ces dernières baisse depuis une dizaine d’années, passant de 88,2 % en 2010 à 74,0 % en 2018.
Vers un plan Maladies rénales ? Le think tank UC2m met en avant le dépistage précoce
La prescription d’antibiotiques en ville se stabilise
Le Parlement adopte une loi sur le repérage des troubles du neurodéveloppement
Chirurgie : les protocoles de lutte contre l’antibiorésistance restent mal appliqués, regrette l’Académie