LA BATAILLE entre droite et gauche en France est d’autant plus violente que leurs modes de gouvernance sont proches. Contrairement aux discours, l’idéologie n’a rien à voir avec l’inspiration de l’une et de l’autre qui, toutes deux, reposent sur le respect de l’économie de marché. Depuis des décennies, ce qui pouvait différencier un gouvernement de droite et un gouvernement de gauche, c’était le budget. Avec le temps, la part des dépenses sociales dans le budget de l’État a cessé de changer en fonction de la couleur idéologique de nos dirigeants. Elle reste à peu près la même. Quand on assiste à la violence de la crise actuelle, on n’a pas de mal à comprendre que, quel que soit le gouvernement, cette politique de rigueur que nos dirigeants d’aujourd’hui ne veulent pas nommer et que l’opposition dénonce, constitue le seul moyen raisonnable, mais coûteux en termes de niveau de vie, de redresser les comptes de la nation.
Question de gros sous.
Quand le Parti socialiste nous propose une « société du bien-être mais aussi du respect », quand il invoque l’éthique du « care », il n’offre aucune piste susceptible de nous arracher à la banqueroute. S’il reconquiert le pouvoir en 2012, il ne modifiera aucune des dispositions que le gouvernement de François Fillon aura prises entre-temps. Il ne pourra pas se le permettre. La réalité des chiffres est en effet accablante et, si l’effort prodigieux accompli par l’Union européenne le 9 mai dernier n’a pas réussi à rétablir la confiance, cela veut dire que le dernier espace où un gouvernement pouvait protéger les acquis sociaux a rétréci au point de disparaître. On ne cesse de répéter que les Grecs, les Espagnols, les Italiens, les Portugais, les Français vivent au-dessus de leurs moyens. Les opinions ne comprennent pas ce jugement. Les huit à dix millions de Français dont le niveau de vie se situe au-dessous du seuil de pauvreté n’ont sûrement pas l’impression de jeter de l’argent par les fenêtres. Ils ne comprennent pas que l’affaiblissement économique de la France, à cause du chômage, des retraites prématurées, d’une semaine de travail trop courte ne permet plus de verser aux plus démunis les sommes qui les aident à survivre. Vivre au-dessus de ses moyens, c’est ce qu’ont fait les Grecs, avec une retraite à 53 ans dont ils ne sont jamais demandé qui la payait, le travail au noir, l’évasion fiscale. Prenez les Grecs un par an, vous verrez que très peu paient la totalité de leurs impôts directs. Certes, dans ce sport incivique, les riches sont les plus coupables. Mais ce ne sont pas les riches qui travaillent au noir et ne paient ni taxes cotisations sociales.
LA RÉDUCTION DES DÉFICITS PUBLICS ENTRAÎNERA UNE BAISSE DE LA DÉPENSE SOCIALE
Vivre au-dessus de ses moyens en France, c’est avoir fait du budget de l’État le dernier recours et donc le tonneau des Danaïdes. Les entreprises ne veulent pas payer les plus de 55 ans, fatigués et aux salaires élevés. Hop ! Elles les envoient aussitôt émarger aux régimes de retraite. Lesquels sont doublement taxés : ils ne reçoivent plus les cotisations de personnes en pleine force de l’âge et ils doivent leur verser des pensions. En outre, la demande sociale et de santé publique est énorme. Tout effort de compression des coûts de la santé est accueilli par des exclamations scandalisées. On dénonce la baisse des remboursements, qui est réelle, l’insuffisance des efforts fournis pour les malades mentaux, pour les handicapés, pour les détenus. Des soignants qui ne connaissent que leur vocation et méprisent les discussions d’argent se désolent de ce que l’on ne s’occupe pas des personnes âgées, de ce que les besoins des malades de toute sorte ne soient pas satisfaits. Ces gens admirables ont raison dans l’absolu, pas du point de vue des équilibres budgétaires.
Tant pis pour Keynes.
Le gouvernement, celui d’aujourd’hui ou un autre, a-t-il le choix ? Quand il refuse de reconduire les mesures spéciales prises pour atténuer les effets de la crise, par exemple sur les personnes qui ont perdu leur emploi et n’en retrouvent pas, il est accueilli par des hurlements de rage. Des hurlements de la gauche. Mais que ferait la gauche à sa place ? Diminuerait-elle le budget de la Défense ou celui de l’Éducation ? Instaurerait-elle des impôts suffisants pour tout financer mais aussi pour plonger l’économie dans une nouvelle crise ? « Tax, tax, spend, spend », ce fut pendant 40 ans le slogan des démocrates américains. Contrairement à ce que l’on en dit, l’Amérique aussi est une social-démocratie et les projets sociaux les plus coûteux, c’est Nixon qui les a adoptés, pas Johnson. On a gardé de Ronald Reagan et de Margaret Thatcher l’image négative des champions de la droite dure, intolérante à la social-démocratie. Cela n’a pas empêché Bill Clinton aux États-Unis et Tony Blair d’inventer une « troisième voie » infiniment plus démocrate que sociale. Ils ont bénéficié de l’assainissement par leurs prédécesseurs de programmes sociaux trop généreux, l’ont avalisé et sont apparus à leur tour comme des leaders responsables. La folle décennie des années 2000-2010, qui a combiné, un peu partout dans le monde, des dépenses d’État excessives et une libéralisation suicidaire des systèmes financiers, a créé le chaos. Aujourd’hui, le recours au déficit budgétaire pour maintenir le niveau de vie des gens est devenu impossible. Avec ce procédé proposé par John Maynard Keynes disparaît le principal fondement de la social-démocratie.
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