« J’EFFECTUE un stage de 5 mois à l’hôpital de Toulouse, mais mon esprit est avec mon pays, j’ai déjà mon billet de retour, j’attends », confie le Dr Nasir Hase depuis Blagnac. « Je suis médecin, je veux aider mon peuple, j’espère que l’aéroport de Benghazi rouvrira bientôt », explique de son côté la pédiatre Naima Gawbaa, qui partage avec son mari ingénieur un petit studio à Nice. Comme une dizaine d’infirmiers et médecins libyens, les Drs Hase et Gawbaa sont arrivés sur la Côte-d’Azur mi-octobre, dans le cadre d’une coopération entre le Medical Center de Benghazi et la France. Fin janvier, ils devaient terminer un stage linguistique avant de se former dans les hôpitaux de l’hexagone. Mais rien ne s’est passé comme prévu.
Alors que mi-février le régime de Mouammar Kadhafi réprime les manifestations qui éclatent dans la deuxième ville du pays, l’organisation parisienne chargée d’affecter le personnel médical libyen dans les hôpitaux français ne répond plus. « J’ai donc essayé de contacter directement l’hôpital de Brest pour la pédiatre qui devait y effectuer son stage, mais on m’a répondu que le dossier administratif n’était pas assez avancé », relate William Rubinstein, directeur de l’International House de Nice, où les Libyens ont appris le Français. Sur une dizaine de professionnels de santé, seuls deux ont intégré des équipes hospitalières françaises. Les autres voient leurs économies fondre à mesure que les jours s’écoulent. « Si le Medical Center de Benghazi ne m’envoie pas un salaire ce mois-ci, il ne me restera que mes économies et je ne pourrais pas rester dans mon studio », déplore Naima Gawbaa, qui s’est déjà vu supprimer un pécule d’appoint, lorsque l’ambassade de Libye a fermé il y a deux semaines. Mohammed, qui accompagne des infirmières, a dû quitter son appartement de Nice pour s’installer gracieusement chez des amis à Angers. Comme le Dr Gawbaa, il espère que l’insurrection s’apaisera rapidement afin de rentrer dans sa ville natale de Libye. Mais pour le moment, les familles de Nasir, Naima et Mohammed sont unanimes pour leur conseiller de rester en France.
La guerre à l’écran.
Les professionnels de santé libyens n’ont que très peu de contacts avec leurs proches. « La connexion est mauvaise, je ne parviens plus à communiquer par Internet et les téléphones sont souvent éteints », raconte Naima Gawbaa. Alors ils vivent la guerre grâce à la télévision et aux sites d’actualité continue, frustrés de ne pouvoir participer aux combats sur le terrain. « J’ai plus de 40 ans et n’ai jamais connu que Khadafi, il a verrouillé et détruit le pays par la force, je n’ai jamais pu m’exprimer et dire, par exemple, que le système sanitaire est inexistant ! », s’insurge le Dr Gawbaa. « Je suis malade de voir ma terre sous les feux de milices, ma famille à Benghazi est effrayée, car la ville est survolée par les avions du régime qui menacent de lâcher des bombes ou des armes chimiques », continue-t-elle, des sanglots dans la voix. « Nous devons intervenir, les insurgés n’ont pas assez d’armes face aux milices », juge le Dr Hase, qui espère que les États-Unis et la France lanceront rapidement une offensive. « 24/24 heures je pense à mon pays, il est temps d’agir, je dois rentrer », conclut-il. Mais toujours aucun avion n’atterrit à Benghazi.
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